THEATRE DU PUZZLE

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"Au début le Monde Sauvage" - Un fauteuil pour une histoire...

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Etrange épopée que celle de ce fauteuil datant du XIXème siècle, un vieux fauteuil style Napoléon III.

Passé par la maison d’un religieux, oublié depuis des lustres, laissé dans sa poussière, c’est le Monde Sauvage qui l’a fait renaître, qui lui a redonné une vie au XXIème siècle.

 

Quand le Théâtre du Puzzle a demandé à Véronique Seguin, tapissière au Clou Doré à Gevrey-Chambertin, si elle pouvait confectionner un fauteuil aux tissus patchwork pour évoquer en couleurs des histoires du monde sauvage, ce siège était en attente au fond de son atelier. Il correspondait par sa forme à ce qu’on pouvait espérer d’un objet qui suscite l’imaginaire.

 

A ce moment, il n’y avait pas encore d’histoire, juste l’idée directrice et quelques points précis qui apparaîtraient à un moment dans le spectacle. En fait l’histoire, plutôt les histoires, sont nées quand le fauteuil a été terminé. Puis l’urgence du Festival de la Plaine 2016 a fait le reste. En un mois à peine, en août de cette année-là, tout fut écrit, mis en place dans l’évidence de ce qui devait être « Au début le Monde Sauvage ».

 

C’était un peu comme l’histoire de la poule et de l’œuf, à savoir qui a été à l’origine de l’autre ?  Dans la forme, le fauteuil est apparu avant, mais dans le fond, l’idée de l’histoire a fait naître le fauteuil. Mais sans le fauteuil terminé, il n’y aurait jamais eu cette histoire. Au fond, c’est peut-être cela la force du Monde Sauvage : ne pas savoir d’où précisément il est né.

 

Le fauteuil du Monde Sauvage n’est pas un décor, mais un acteur muet et immobile, plein de mots et de légendes  que les humains viennent réveiller. Et ce n’est pas un hasard si à chaque fin de représentation, de nombreux spectateurs s’approchent du fauteuil pour le toucher, le caresser comme un dialogue improbable avec un objet qui semble leur dire mille choses secrètes.

Ce sentiment est renforcé par la présence à ses côtés de Zéphyr, la grande girafe au cou flexible, deux « fabrications » aussi vivantes que ceux qui les regardent.

 

 

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Tout a commencé, sans trop savoir sur quelle route on s’acheminait. Et puis, petit à petit, « Au début le Monde Sauvage » s’est densifié, apparaissant dans des versions différentes jusqu’au spectacle à la Médiathèque de Sennecey-lès-Dijon, avec Eva Konte, en Femme qui danse sur le sable, danseuse sensuelle qui donne encore plus de chair aux objets qu’elle enveloppe de ses gestes.

Et là, le fauteuil, placé au centre de la scène, devint davantage encore une étrange émanation colorée d’un monde de poésie et d’imaginaire. Ce n’était plus un objet inerte, mais un être vivant.

 

Drôle de destin que celui de ce fauteuil dont la vie est passée d’une spiritualité à une autre, d’un Dieu assumé à un voyage initiatique où l’esprit navigue dans l’océan humaniste, à l’image de ce petit enfant silencieux faisant glisser sa main sur chacun des morceaux de tissu qui composent ce fauteuil, espérant peut-être qu’il en jaillirait une histoire, rien que pour lui.

 

« Au début le Monde Sauvage », c’est aussi cet après spectacle tactile qui prolonge les questions en suspens dans l’air comme si chacun pouvait trouver des réponses dans le contact de la peau avec la matière. Un retour basique aux sens que le monde nous fait oublier à force de technologie.

 

Oui, un fauteuil peut vous murmurer des histoires. Il suffit juste de l’écouter.

 

 

 

 

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Photo de Corinne Mathey 

 



09/07/2017
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