THEATRE DU PUZZLE

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Frontières / Cimade / Pascal Marchand

"L'idée selon laquelle les gens pourront être fixés quelque part est illusoire. Les hommes sont faits pour bouger. Toutes les villes du monde ont été créées par des gens venus d'ailleurs, et, heureusement, cela continuera"

 

(Amin Maalouf, écrivain, auteur entre autres d'un livre passionnant "Les identités meurtrières")

 

 

 

Notre pièce "La Femme qui danse sur le sable" évoque clairement la question des frontières. Les personnages dont l'histoire s'inscrit dans le désert immense ne parlent pas de pays, mais d'hommes qu'ils rencontrent. La rencontre ne correspond pas à une similitude de culture mais au hasard souvent chanceux de rencontrer un être humain.

 

Et justement, de cette rencontre de deux êtres différents naît la richesse d'un territoire. Ce n'est pas simplement une belle idée littéraire ou artistique, c'est la réalité de l'évolution du monde.

 

Dans le fascicule "Petit guide pour comprendre les migrations internationales", édité par la CIMADE (www.lacimade.org), un chapitre est entiérement consacré aux frontières. Voilà ce qu'il en est dit :

 

 

 

POURQUOI Y A-T-IL DES FRONTIERES ?

 

Aujourd'hui, les frontières sont agréables à passer pour les uns, dangereuses pour les autres.

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme affirme que "toute personne a le droit de quitter un pays, y compris le sien". Mais aujourd'hui, seule une minorité a le droit d'entrer dans le pays de son choix. Or personne ne franchit une frontière, avec ou sans papiers, sans raisons.

 

Les frontières, "nous" et "les autres"

 

La frontière est d'abord, au cours de l'histoire, une ligne qui sert à délimiter le territoire des Etats. Elle a une fonction administrative et non répressive. C'est également une façon de trier les gens, de les séparer, de distinguer "nous" des "autres". Derrière les frontières, il y a des gens qui ont une autre histoire, un autre mode de vie.  

 

Aujourd'hui, franchir des frontières est un privilège. les citoyens des pays du Nord peuvent voyager  et s'installer presque partout. Les autres sont tributaires des visas et des permis de séjour. Fuir les persécutions, gagner sa vie, vivre auprès des iens sont des droits réservés aux habitants des pays riches.

 

Cette fermeture des frontières a un coût humain, mais aussi financier et éthique, qui doit amener à s'interroger sur les politiques sécuritaires et leur compatibilité avec les valeurs de l'état de droit. Si la façon dont un pays traite ses étrangers  ne fait que refléter ses propres valeurs,  la nature répressive des contrôles migratoires constitue une menace  pour les libertés qui sont au coeur des sociétés démocratiques.

 

Le droit à la mobilité, un bien public mondial

 

Cette politique de fermeture va à l'encontre de ses propres objectifs. Elle incite à la sédentarisation, alors que l'ouverture des frontières favorise la mobilité  des migrants. Et, surtout, le droit à la mobilité devrait être reconnu et considéré comme un bien public mondial car il produit à la fois de la richesse, du savoir et une amélioration des conditions de vie : les migrations profitent non seulement aux sociétés de départ (transferts d'argent, de technologies et de connaissances, limitation du chômage, diffussion de l'idée de protection sociale et des Droits de l'Homme), mais aussi aux pays d'accueil (occupation de métiers délaissés, accroissement de la consommation, rééquilibrage des budgets sociaux, création d'entreprises, créativité culturelle).

 

Les frontières de l'esprit

 

Les frontières les plus inébranlables sont celles qui existent dans les esprits des Hommes. Beaucoup pensent que tous les habitants des pays pauvres émigreraient s'ils en avaient la possibilité et que cela constituerait une menace pour les différents modes de vie.

Or la plupart des gens sont attachés à leur langue, à leur culture et à leur communauté, et ne cherchent à se déplacer que lorsque leur vie devient trop difficile.

Ainsi les peurs des flux migratoires massifs suscitées par chaque élargissement de l'Union Européenne, au sud puis à l'est, étaient infondées.

Les politiques restrictives nourrissent le racisme en semant le doute sur la légitimité de la présence des migrants. Il est indispensable de faire évoluer la perception des migrations et donc le discours politique sur celles-ci pour faire comprendre que la fermeture est rarement synonyme de progrès social, et que l'ouverture aux autres peut enrichir les Etats et les sociétés.

 

 

 

lien vers l'article : Comprendre les migrations / Cimade / Pascal Marchand



19/06/2010
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