THEATRE DU PUZZLE

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Un homme n'est pas un chien / Observatoire International des Prisons

 publie sur son site Internet un article très intéressant sur les prisons. Un article qui permet de repenser la place de la prison et du prisonnier dans la société, de réfléchir à nouveau au rôle de la sanction, entre autres la sanction pénale, tout en préservant la valeur de l'humanité de tous les individus, y compris d'un détenu.

 

«Le parallèle détenu-animal peut choquer, mais c'est une réalité»

 

INTERVIEW de Gabriel Mouesca, ancien président de l' OIP (Observatoire International des Prisons), au sujet d'une campagne d'appel aux dons, par la journaliste du journal  Libération, Marie Piquemal

 

 

 

 

Un jeune homme, le teint pâle, derrière des grilles. Et cette phrase, en lettres blanches: «Si ça peut vous aider à donner, dites vous que cet homme est un chien».

 

Vous avez peut-être vu cette affiche de l'Observatoire international des prisons (OIP), diffusée depuis le 20 décembre dans le cadre d'une campagne d'appel aux dons. Entretien avec Gabriel Mouesca, ex-président de l'OIP et membre du conseil d'administration, sur les raisons et les effets de cette campagne délibérément provocatrice.

 

En 1996, l'OIP lançait un appel à la générosité, avec un message également fort: «Pour passer du vol au crime, il suffit parfois de passer par la prison». Mal perçue par la population, cette affiche avait suscité de vives réactions. Qu'en est-il cette fois?

 

On craignait un flot d'appels et d'e-mails de réactions négatives, et au final, il y en a eu très peu. C'est sans commune mesure avec la précédente campagne. Et cela montre une chose importante: les mentalités ont évolué. Depuis dix ans, il y a eu une réelle prise de conscience de l'état de délabrement de nos prisons. Aujourd'hui, plus personne n'oserait dire, comme on l'entendait autrefois, que nos cellules sont 4 étoiles. Nos prisons françaises sont en dessous de tout, c'est un fait incontesté... Dommage que cette prise de conscience ne se traduise pas à l'Assemblée par une loi pénitentiaire, capable d'inverser la tendance.

 

«Si ça peut vous aider à donner, dites vous que cet homme est un chien»: pourquoi ce parallèle entre les détenus et les animaux ?

 

Il n'y a qu'à voir les termes employés par les responsables politiques ! Et en premier lieu, le président Nicolas Sarkozy qui n'hésite pas à qualifier certains détenus de «prédateurs». C'est inacceptable. Ce n'est pas une façon de traiter un être humain, quel qu'il soit, même s'il a commis l'irréparable.

 

L'assimilation animaux/détenus peut choquer, mais elle traduit une réalité. Aujourd'hui des milliers de détenus ont moins d'espace dans leur cellule que les animaux dans leur cage. Des textes internationaux imposent des cages de minimum 5,4 m2 pour les animaux... Et bien, avec la surpopulation carcérale, des détenus en France n'ont même pas cet espace vital de 5,4 m2 !

 

L'affiche interpelle. Mais suscite-t-elle les dons ?

 

Il est encore trop tôt pour faire le point sur les dons récoltés. Mais, je vais vous dire, ce qui est primordial pour nous, c'est d'abord d'interpeller la population. Les gens que l'on met aujourd'hui en prison sont par définition voués à ressortir un jour et à réintégrer la société. On a tout intérêt à ce que leur droits, leur dignité soient respectés... Si cette affiche suscite une prise de conscience, notre objectif sera atteint.

 

 

 

 



16/01/2010
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