THEATRE DU PUZZLE

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"Quoi faire ?" - Pascal Marchand

QUOI FAIRE ?

Pascal Marchand

 

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En cas de guerre, brisez la glace

 

 

Face aux monstruosités que ce monde nous propose chaque jour,  face à l’inhumanité des rapports entre les gens, entre les peuples, face à la déshumanisation de nos systèmes économiques, nous sommes confrontés chaque jour à la même question : quoi faire ? 

 

En tant qu’être pensant, l’humain peut difficilement admettre ces comportements bestiaux qui apparaissent  parfois incompréhensibles, ces logiques sociétales où l’individu ne se mesure plus qu’à un numéro ou un code.

 

 Tuer comme si l’autre n’avait plus aucune valeur, massacrer  sans considérer que les victimes ont un nom, une vie, une famille, des proches et des amis, un logis, des espoirs, des désespoirs, des joies et des tristesses, comme s’ils n’étaient que des objets sans importance. Au fond, cette sous-considération de la valeur humaine fait que chacun d’entre nous devient une victime potentielle. Chaque fois que quelqu’un tue un ou plusieurs de ses semblables, il tue l’humanité toute entière. On peut penser que les dirigeants d’un état mettent en place des politiques injustes, violentes, parfois barbares. Cela ne fait pas de son peuple un ennemi à abattre. Ça ne fait pas de lui un ensemble de personnes qui ne méritent pas de vivre. Cette logique de la loi du Talion enfonce inexorablement l’humanité dans un engrenage infernal où le plus fort d’un jour deviendra toujours  un faible quand, un peu plus tard,  il s’opposera à plus fort que lui. Fort ou faible, nous le sommes tous à un moment de notre vie. Si on considère la vie comme un échange et un partage, ces notions n’ont alors plus de sens. Qui que nous soyons, d’où que nous venions, quoi que nous croyions, nous apprenons des autres comme nous apprenons aux autres. Nous sommes tous riches de quelque chose qui peut servir l’humanité, qui fait que nous avons d’emblée une place dans la communauté humaine, sans questions, sans discussion préalable.

 

Nous sommes des êtres pensants et cette pensée ouverte, sans dogmes qui nous restreignent, peut nous offrir un autre regard sur l’existence. Dans ces conflits meurtriers et ces tueries insupportables, la pensée a été mise à l’écart comme une pestiférée, au nom d’intérêts sans lendemain, d’une considération que certains ont raison et que les autres ont forcément tort, sans tenir compte de ce qui a amené à ces évènements tragiques, sans regarder les leçons de notre histoire commune où les mêmes logiques amènent aux mêmes conséquences.

 

« Plus jamais çà ! » disait-on il y a près de 80 ans. C’est étonnant de voir les mêmes images dans des lieux différents, avec des personnes différentes, pourtant avec les mêmes regards perdus, les mêmes ruines autour, le même sang, les mêmes cris. Un palestinien n’est pas meilleur qu’un israélien. Un israélien n’est pas meilleur qu’un palestinien ou qu’un français, qu’un turc ou qu’un chinois.

 

L’éducation citoyenne apprend à penser l’autre comme un prolongement de soi-même, en différent, avec quelque chose que nous ne possédons pas, que nous ne savons pas, parce qu’il a une vie différente, des habitudes différentes, des manières de faire différentes. C’est en cela que l’échange, l’ouverture d’esprit (qui, au passage, n’est pas une fracture du crâne), nous fait grandir, nous permet de nous dépasser au-delà des limites qu’on s’était données. L’éducation est la base de notre libération personnelle, de notre construction d’être social, à la fois comme individu particulier et comme humble membre d’une grande communauté dans laquelle nous vivons et dans laquelle nous sommes reconnus, reconnaissants.

 

Ce n’est pas étonnant que, pour dominer une personne ou un groupe de personnes, des gens qui usurpent le pouvoir, individuellement ou collectivement, s’attaquent d’abord aux valeurs de la mémoire, en minimisant ou abandonnant les leçons de l’histoire, en fermant leurs oreilles aux paroles de celui qui fait face, qui leur dit qu’eux aussi existent, à l’image d’une guerre, il y a une vingtaine d’années, loin de l’Europe, où des habitants avaient écrit sur leurs portes, à destination des soldats d’occupation : « Ici vivent des gens », pour rappeler que l’humanité existe même dans des lieux transformés en champs de bataille.

 

 

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Comme souvent, l’espoir réside dans l’éducation et les valeurs qu’elle transmet. Il nous faut rester debout, coûte que coûte, continuer à propager des valeurs d’ouverture aux autres, considérer autrui comme un ami potentiel plutôt qu’un ennemi irrémédiable.

 

Eduquer à la paix, la chercher partout, surtout dans les territoires où les morts inutiles se multiplient à n’en plus finir, dans les établissements scolaires qui devraient être des lieux, par définition, pacifiques, voire « sacrés », au sens humaniste. Les gouvernants ont leur part à jouer, non pas en cherchant des alliés de circonstances pour maintenir leur pouvoir, mais en privilégiant l’intérêt de l’humanité toute entière avant celui du territoire qu’il dirige ou celui financier qui garantira leur maintien à la tête de l’état.

 

Le livre d’Amin Maalouf « les identités meurtrières » explique avec clarté ces processus où on restreint au maximum l’identité des personnes pour mieux les déconsidérer, pour mieux les dominer, alors qu’on sait pertinemment que chacun de nous possède une identité riche et multiple, construite par nos origines familiales, les lieux de notre enfance, nos études, notre travail, les personnes qu’on a croisées, les endroits où on a vécu, les activités que nous avons choisies… L’éducation nous amène à toucher à ces complexités de l’individu. Pas étonnant que les enseignants soient dans les premiers visés par des actes criminels, pas étonnant que des dirigeants d’état sectaires choisissent la violence plutôt que le dialogue.

 

Alors restons debout, les yeux ouverts, la paix est encore à créer.  L’humanité vaut mieux que ces horreurs.

 

 

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14/10/2023
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