Art Africain Contemporain
ART AFRICAIN CONTEMPORAIN
L’esclavage sous sa forme« transatlantique » a été aboli, puis peu à peu remplacé par des gouvernances coloniales. Celles-ci ont été contestées dés la départ par les intellectuels locaux. Ce fut une période de grands bouleversements, autant au niveau politique, technologique ou religieux. De là sont trois tendances importantes dans le développement des arts visuels africains : la photographie, la résistance des traditions locales et l’émergence de nouvelles formes d’art en peinture, sculpture et art public.
La photographie est apparue d’abord dans les villes de la côte ouest du continent noir à partir des années 1840. Elle était pratiquée par des Africains, eux-mêmes, des Afro-américains et des Européens. Le fait que les traditions africaines soient coutumières du portrait et de l’illustration a évité les dérives de l’exotisme que l’on trouvait fréquemment en Europe. La photographie est même devenue un moyen recherché pour se représenter, pour montrer son statut, pour parler de mode et de lien entre tradition et modernité. L’un des portraitistes les plus connus a été le malien Seydou Keita (1921-2001) qui a travaillé à Bamako à partir des années 50. Il avait installé son premier atelier de photographie à Bamako-Koura dans la capitale du pays.
En 1951, est créé en Afrique du Sud le magazine Drum, périodique de photographies, très vite en tête des ventes de magazines noirs et qui publie des œuvres de photographes noirs.
Le premier peintre moderne dans l’Afrique subsaharienne qui a utilisé le chevalet s’appelle Aina Onabolu (1882-1963). Il travaillait ses toiles à la peinture à l’huile. Il eut une reconnaissance internationale. Son atelier était situé à Lagos, capitale du Nigéria. Son travail aux répercussions importantes en Afrique a permis des évolutions semblables en Ouganda.
En 1958, à Zaria (Nigéria), Uche Okeke (né en 1933) et Bruce Onobrakpeya (né en 1932) avec un groupe d’étudiants fondent la Zaria Art Society au Nigerian College of Art, Science and Technology.
C’est dans ces années-là que les pays d’Afrique vont obtenir leur indépendance (1960 pour le Nigéria vis-à-vis de la Grande-Bretagne, et pour la Côte d’Ivoire et le Togo vis-à-vis de la France).
En lien à ce mouvement d’indépendance et de liberté vis-à-vis des colonisateurs, le groupe d’étudiants choisit d’aller vers un changement du programme d’enseignement, l’intitulant « Natural synthesis », manifeste qui veut aller vers la synthèse entre l’art traditionnel africain et les principes de l’art moderne. Ils recherchent une cohérence entre les mythes, les contres et légendes, les conceptions textiles et les arts corporels, considérant que les traditions portent en elles les moyens d’enrichir l’art nigérian moderne.
Uche Okeke « Crescent Moon »
A la suite de ce mouvement, s’est construite une aide plus importante de l’art au niveau local, national et individuel. Et davantage encore, plusieurs universités du pays ont créé des départements de beaux-arts ou de conception graphique.
L’apprentissage direct reste malgré tout un point de départ essentiel dans la pratique des arts visuels. On retrouve cet esprit avec le Congolais Chéri Samba (né en 1956) ou le Ghanéen Kwame Akoto, connu sous le nom de Almighty God (né en 1950). Parmi tous ces artistes émergeant après l’indépendance (on devrait dire les indépendances), certains regardent davantage leur époque à l’image de visionnaires comme l’ivoirien Frédéric Bruly Bouabré (né en 1923). Ce fonctionnaire civil a choisi le dessin à partir d’une vision cosmique pour mieux comprendre le monde. Plus récemment, des artistes comme Romuald Hazoumé (né en 1962) ont développé leur art en révélant des visages dans les déchets plastiques abandonnés à Porto-Novo. Il est représentatif d’une nouvelle génération d’artistes en marge des parcours traditionnelles de l’art.
Les thématiques sociales sont très présentes dans l’art contemporain d’Afrique : la discrimination sexuelle er raciale, la guerre, l’initiation à la maturité, la hiérarchie sociale.
Autour de ces thèmes et par ces thèmes, on voit apparaître un intérêt grandissant pour les arts graphiques. Les photographiques (entre autres par le magazine Drum dont nous parlions plus haut) vont montrer la brutalité de l’Apartheid en Afrique du Sud. Certains artistes seront même dans l’obligation de vivre en Europe comme Gérard Sekoto (1913-1933). A l’époque de l’Apartheid, la question se posait d’enseigner ou non l’art aux noirs d’Afrique du Sud. Pourtant un certain nombre de projets en direction des noirs vont voir le jour par des blancs. Ce fut le cas du Polly Street Art Centre de Johannesburg dans les années 50 ou l’Art Rorke’s Drift dans la province du Natal dans les années 60.
Après la fermeture du Polly Street, des artistes blancs vont ouvrir leur atelier aux noirs comme Bill Ainslie (1934-1989). Parmi ceux qui y seront accueillis, se trouve David Koloane (né en 1938). Tous ces artistes, blancs ou noirs, mettent en évidence, dans leurs œuvres, les blessures profondes de la société de l’Apartheid comme Penny Siopsis (né en 1938) ou Jane Alexander (né en 1959). Des photographes comme Zwelethu Mthethwa (né en 1960) évoqueront la présence toujours évidente des inégalités sociales. D’autres dans le Transvaal rural, comme Jackson Hlungwani (1923-2010) veulent guérir le monde en bâtissant leur New Jerusalem, avec par exemple le Trône de Jackson, sculpture puissante et rude.
Le développement de l’art contemporain un peu partout sur le continent africain a été à l’origine du FESTAC (FESTival des Arts et de la Culture du monde noir) au Sénégal en 1966. Une seconde édition aura lieu au Nigéria en 1977.
Dans ce même pays, la guerre civile de 1967 fera fuir Okeke et Onobrakpeya vers leur patrie d’Igbo où l’art local influencera la suite de leur carrière.
Ce développement de l’art et de la culture va de pair avec le développement de l’éducation. En 1982, l’ivoirien Frédéric Bruly Bouabré publie « L’Alphabet de l’Ouest africain », ouvrage qui mêle texte et illustration pour un apprentissage rapide de la lecture. Là encore, l’art est très lié au monde social. Ce sera encore le cas en 1991 avec la fondation des Studios Bag Factory à Johannesburg par David Koloane afin de mettre en place un outil artistique pour noirs et blancs, un an après la sortie de prison de Nelson Mandela, en plein bouleversement politique en Afrique du Sud avec la fin de l’Apartheid.
En 2006 Kwame Akoto expose ses œuvres à Accra au Ghana, œuvres toutes droites sorties de son atelier appelé Almighty God Artworks. Un an plus tard, Chéri Samba le congolais qui fut peintre de panneaux publicitaires, expose à la Biennale de Venise sur le thème de Sodome et Gomorrhe, œuvres présentées dans la rue.
L’Afrique rejoint l’Europe et l’influence comme ce fut aussi le cas en musique.
Chéri Samba
Comme partout dans le monde, les voyages des hommes ont ouvert des portes aux arts d’ailleurs, à l’image du japonisme en France au début du XIXème siècle.
Les hommes voyagent, les arts voyagent avec eux. La terre des arts n’a pas de frontière.
Chéri Samba / Biennale de Venise 2007
"L'art, c'est fait pour être partagé, pas pour être gardé chez soi": c'est avec ce credo que Jean-Paul Blachère, à la tête du leader mondial des illuminations de Noël, a lancé à Apt une fondation d'art contemporain africain devenue en six ans un lieu unique d'exposition et de création. Durée: 01:40
J'aime Chéri Samba / Janvier › Mai 2004 par FondationCartier
(Daprès "Tout sur l'art / panorama des mouvements et des chefs d'oeuvre")
Lien avec l'article : Livre / Tout sur l'art / Panorama des mouvements et des chefs d'oeuvre
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