Festival Les Souterraines - "AS 8795-73" par Thomas Champeau et Etienne Racary - Frasne-les-Meulières - 21 mai 2025
Le Festival des Caves est né à Besançon en 2006, suite à une commande pour un spectacle sur la Résistance. Pour mieux rendre hommage à celle-ci, il fut décidé que ce spectacle se présenterait dans le secret des rendez-vous de la Seconde Guerre Mondiale, c’est-à-dire, un point de rencontre dans une zone publique puis de là, départ vers le lieu de la réunion. L’art reprend alors les codes des résistants.
Le Festival des Caves, presque 20 ans plus tard, s’appelle à présent Festival Les Souterraines. Il conserve cette même approche : rendez-vous dans un lieu public proche de la salle, une cave privée pour une jauge d’environ 20 personnes. Les spectateurs ne connaissent que le nom du spectacle et celui de la commune dans lequel il se joue. Ce n’est qu’à la réservation qu’ils sont informés du lieu de rassemblement avant la représentation et avant d’être conduit vers la salle (une cave).
Pour l’édition 2025, Frasne-les-Meulières a accueilli pour la première fois un de ces spectacles, dans une des plus anciennes maisons du village, une bâtisse de 1662 dont la vieille cave voûtée est devenue le réceptacle d’une œuvre de science-fiction « AS 8795-73 », tiré du roman « Un océan de rouille » de l’auteur américain C. Robert Cargill.
Une soirée exceptionnelle qui parle d’un temps où les derniers humains ont été exterminés par les machines chargés d’IA. C’est l’histoire de Fragile, un robot conscientisé qui cherche à échapper à l’emprise des UMI (les super intelligences artificielles) qui veulent absorber tous les robots et devenir la seule entité omnipotente. Les robots rebelles et réfractaires survivent dans un désert de vieilles carcasses métalliques, un océan de rouille.
Thomas Champeau, seul comédien en scène dans le rôle de Fragile, nous conte le récit haletant de ce robot qui tente de rester libre. Un jeu robotique humanisé remarquable de sensibilité et de précision. Une voix puissante et captivante. La mise en lumière d’Etienne Racary donne une dimension prodigieuse quand les pierres de la voûte se parent de reliefs colorés qui transforment le lieu en des décors qui font penser à Star Wars et à la cave du film Malville dans un monde post-apocalyptique. Les effets spéciaux lumineux et sonores font plonger le spectateur dans la réalité de l’urgence d’un univers contrôlé par les IA quand tout se sait, où il est quasi impossible de se cacher, de se terrer (la cave prend alors tout son sens) sans être déjà repéré.
Il s’agit là d’un monde futuriste où les robots ont remplacé les hommes. Pourtant, c’est bien notre monde à nous les humains qui est évoqué en transparence, celui qui dérive petit à petit vers le contrôle total des populations dans leurs moindres gestes, leurs déplacements, leurs pensées, leurs intentions, où tout mouvement contraire à l’ordre s’anticipe avant que cela ne devienne une révolution.
Ce spectacle est saisissant autant dans sa forme scénique que dans la profondeur de son propos, une réflexion bousculante sur ce monde en pleine dérive. Un spectacle à ne pas rater.
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