THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Ecrire... Jouer... / Pascal Marchand

ECRIRE... JOUER...

 

 

Ecrire, "graver" des mots sur une feuille de papier ou sur une feuille virtuelle comme un écran d'ordinateur, c'est avant tout chercher à partager avec celles et ceux qui liront. L'acte d'écriture est indissociable de l'idée de l'autre, quel que soit le texte écrit.

 

Celui ou celle qui "prend sa plume" imagine, à un moment ou à un autre, les yeux du lecteur, peut-être une émotion particulière, une pensée, ses mots à lui.

 

Savoir que le texte sera lu est un moteur pour écrire. Pour le théâtre, c'est aussi une mise en images, une "mise en scène", un décor, même minimaliste, des couleurs, des personnages et leurs costumes, une histoire qui les lie.

 

Quand ce texte se fabrique pour une troupe définie, peut-être à partir d'improvisations qui ont donné de la consistance aux personnages, des images précises tirent l'écriture. Des voix aussi, des regards et des postures. Une certaine géométrie de l'espace scénique. Et les feuillets s'ajoutent les uns aux autres avec une logique imparable, comme si la pièce existait déjà, avant même qu'elle soit jouée, avant même qu'elle existe vraiment.

 

 

La confrontation du "nouveau texte" avec les acteurs en devient très intéressante. La structure globale du texte émanant d'un travail préparatoire avec la troupe, c'est souvent une forme d'incarnation un peu magique. Les mots écrits se metttent à parler pour de vrai. Les images de l'auteur faites d'impressions et de couleurs deviennent des corps en chair et en os (on pourrait dire "redeviennent" car, avant d'être des mots, par le travail d'atelier et la phase d'improvisation, c'étaient déjà des corps).

 

La mise en place du jeu autour du nouveau texte amène alors à quelque chose d'étonnant : c'est l'appropriation du texte par les acteurs. Au fur et à mesure que ce travail avance, la pièce qui prend forme donne aux personnages l'image presque unique de ses interprêtes. Ce ne sont plus des êtres imaginaires, créés par un auteur. Ce sont à présent ces vraies personnes sur l'espace de jeu, comme une vraie histoire. Comme si ces personnages ne peuvent plus être qu'à l'image de ceux qui les incarnent.

 

Régulièrement, des liens se font entre les images nées de l'écriture et l'histoire jouée "en vrai" sur la scène. Il y a comme une sorte de magie. Ce pouvoir collectif de créer du réel, de transformer un espace vierge en lieu d'émotion.

 

Ecrire, jouer : voici deux verbes qui vont bien ensemble

 

 

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06/04/2008
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