Fauves hongrois / La leçon de Matisse
Le musée des Beaux-Arts de Dijon a proposé de mars à juin 2008 une magnifique exposition sur les peintres fauves hongrois du début du vingtième siècle, presque tous élèves de Henri Matisse vers 1905-1910.
Imprégnés de sensibilité impressionniste, ils vont faire renaître le paysage hongrois en jouant des couleurs les plus éclatantes, en donnant entière liberté à leur imagination, créant ainsi des oeuvres où l'émotion des formes et des couleurs parle autrement, subjectivement, de l'objet représenté.
A l'initiative de l'artiste Simon Hollosy, ils s'intalleront, à partir de 1896, à Nagybanya, cité minière de Transylvanie, à l'époque dans la grande Hongrie d'avant première guerre mondiale, devenue depuis Baia Mare en Roumanie.
Une des oeuvres présentées au Musée des Beaux-Arts de Dijon s'intitule justement "Rue Veresviz à Nagybanya", peinte par Géza Bornemisza en 1910. Elle présente une rue bordée de maisons aux couleurs vives. Les différentes nuances de vert marquent nettement la séparation entre le premier et l'arrière plan, donnant aussi plus de pittoresque et de vie à cette cité minière qui, de toute évidence, ne devait pas posséder autant d'éclat dans la réalité.
"Pont sur la Seine" de Jozsef Nemes Lamperth
Le séjour à Paris de la plupart de ces peintres enrichira leur inspiration, donnant ainsi une dimension urbaine à leurs oeuvres d'abord beaucoup centrées sur la nature et le rapport qu'elle entretient avec les corps. Ils emprunteront à Matisse et Marquet des sujets parisiens : ponts, quais, places avec beaucoup de plongée dans la vie grouillante de la cité. Ces thèmes sur la ville se retrouveront dans des toiles sur les villes hongroises de l'époque.
Comme à la recherche symbolique d'un paradis originel, ils s'inspireront aussi d'oeuvres de Cezanne ("les Baigneuses") ou de Gauguin ("Tahitiennes") qu'ils découvriront en 1907 dans une exposition à Budapest. Ce sera une véritable révélation pour ces peintres épris de liberté. Les années 1907-1909 seront riches de toiles magnifiques comme le "Nu en plein air" de Vilmos Perlroot Csaba ,
Ce tableau est très proche d'une oeuvre de Henri Manguin "Cavalière, un personnage (Jeanne dans les arbres)" peint en 1906, les corps se fondant harmonieusement parmi des arbres d'un paysage idyllique.
L'exposition dijonnaise permettait aussi de découvrir toute une palette d'oeuvres remarquables, des nus, des natures mortes, des portraits et autoportraits d'où se dégagent des couleurs et des lumières d'une grande richesse.
A cela, il faut ajouter les thématiques propres à la Hongrie : le folklore et l'influence des tsiganes dont la culture correspondait bien à cet état d'esprit de liberté qui animait ce groupe de peintres du début du XXème siècle.
Les tableaux des artistes hongrois sont mêlés à des oeuvres de Matisse, Marquet, Derain et Manguin, comme une passerelle culturelle d'un pays à l'autre, comme une forme d'universalité de l'art.
Henri Manguin "La Gitane à l'atelier"
"Ce que je rêve, c'est un art d'équilibre, de pureté, de tranquillité, sans sujet inquiétant ou préoccupant..." Henri Matisse
Lajos Tihanyi "La madone tzigane"
"C'est du premier choc de la contemplation d'un visage que dépend la sensation principale qui me conduit constamment pendant toute l'exécution du portrait" Henri Matisse
Henri Manguin "La petite italienne"
"La face ne ment point, c'est le miroir du cœur" Henri Matisse
Robert Berény "Nu féminin couché"
"Dans la nature morte, copier les objets n'est rien ; il faut rendre les émotions qu'ils éveillent en soi..." Henri Matisse
Henri Matisse "Les tapis rouges"
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