2 juin 2009 à Quetigny / La Femme qui danse sur le sable
Dans le cadre d'une soirée de défense de l'école publique et du service public en général, le Collectif de Quetigny a organisé cette soirée spectacle autour de "La Femme qui Danse sur le sable".
Le spectacle était inclus dans une démarche cohérente autour de l'école et de l'éducation, où l'idée d'immensité du désert, de son infini, apporte sa part nécessaire d'humanité, où chaque humain est d'abord un humain, avant toute autre forme d'identité spécifique. A contrario de notre monde occidental qui demande d'abord des papiers pour que quelqu'un soit reconnu comme humain.
Notre monde occidental qui exclut sans cesse, qui ferme ses portes, qui prône de façon détournée la loi du plus fort, déniant ainsi ses propres lois sur l'égalité des hommes.
Notre monde occidental qui ferme des classes dans les écoles au nom d'une logique comptable d'entreprise qui n'a pas lieu d'être quand il s'agit d'éducation, de santé, et d'avenir des enfants.
Ce fut une soirée justement dédiée aux enfants et à leurs familles. Ce voyage dans le désert, débuté par un texte sur le lien entre les mondes (voir en fin d'article) a apporté sa part de rêve à ces petits assis tout devant, les grands yeux ouverts, devenus princesses et princes le temps d'un soir. Comment s'appelaient-ils ? D'où venaient-ils ? Cela n'avaient pas d'importance. Ils étaient importants simplement parce qu'ils étaient là, dans la magie d'une rencontre qui nous a emmenés sur les dunes à dos de chameaux, dans les montagnes et leurs grottes à la source des peuples nomades, dans le ciel où le Roi-Vent pousse les nuages de rivière jusqu'à l'océan. C'est un monde sans frontières, un vrai monde vivant où chacun a sa place. C'était le cas ce soir-là. Enfants, parents, professionnels comme un "peuple" uni dans ce que la vie offre de plus beau.
Oui, ce fut une très belle soirée, chaleureuse et riche de rencontres...
Quelques anecdotes :
Un enfant quelque peu agité, devenu Petit Prince de circonstance est devenu le compagnon nécessaire de Mamadou le Prince Nomade. C'est alors que du public d'enfants, sont montées des voix qui se disaient aussi princesses et princes. Et ils avaient raison : il n'y avait pas de raison qu'il n'y ait que le petit Mohammed pour être Petit Prince du désert.
Le Prince Mamadou a été accompagné par une cohorte d'enfants sautillants et joyeux pour le voyage en chameau à travers nos dunes. Ils se sont spontanément et sans bousculade rangés les uns derrière les autres, tandis la "caravane" commençait son périple. Un beau moment magique...
Alors que nous arrivions à la fin de notre voyage imaginaire dans le désert, il fut question de rejoindre Quetigny, là où "attendaient" les parents. Là encore, les échos de voix enfantines sont remontés du jeune public :" Moi, j'habite Quétigny !" dit l'une, et d'autres, à leur tour, se sont mis à l'indiquer avec insistance. Pour ces enfants, cette information était de la plus hautre importance.
Alors que les enfants venaient de recevoir leur petit histoire de Djenouns (les esprits du désert), ils se sont fait un plaisir d'aller donner à leurs parents un autre message, plus proche de la réalité quotidienne de la vie scolaire : le texte de Grand Corps Malade, issu de sa chanson, sur les difficultés du service public et de l'école en particulier. Texte enrubanné lui-aussi comme celui des enfants. Deux textes ce soir-là donc, du rêve pour les enfants et la réalité crue pour les adultes, car rêve et réalité vont de paire, encore plus maintenant, où l'état tue les rêves pour imposer une logique économique et financière à toute forme d'humanité. Les rêves des enfants, et aussi des adultes qui les accompagnent restent un des espoirs de voir un jour l'être humain au centre des préoccupations pour le futur.
Voici le texte introductif à cette soirée :
DESERT, DESERT,
LAISSE ALLER TA VOIX…
Repliés à l'abri de nos frontières, nous regardons l'autre monde avec méfiance.
Repliés derrière nos murs, dans nos maisons calfeutrées, ceinturées de clôtures hermétiques, nous regardons chaque passant inconnu comme une ombre malveillante.
Notre monde se barricade, exclut, ferme ses portes.
Les états créent des frontières invisibles à l'intérieur même d'un pays, à l'intérieur même des systèmes de vie, comme les écoles par exemple.
Aide aux élèves supprimées, classes fermées au nom de la logique comptable sans regarder qu'y vivent des enfants, des personnels, où passent aussi des parents, sans regarder leurs besoins, sans prêter la moindre attention à leur valeur humaine…
Alors, ce soir, nous partons dans le désert, là où il n'y a pas de portes, pas de frontières, où un humain est un humain.
S'il est seul, s'il a faim, s'il a soif, s'il a peur, une tente de caravanier lui servira d'abri, même si personne ne connaît son nom.
Désert, territoire de passage et de lien, d'histoires extraordinaires, d'humanité nécessaire.
Désert où s'ouvrir, c'est regarder la planète comme une terre unique et indivisible, où tout être humain est égal à un autre, où chacun y a sa place, qui qu'il soit, quoi qu'il vive.
Laissez-vous emporter par ce monde étrange qui ne ferme rien car il n'y a pas de porte et pas de clés. Un monde de connaissances affinées dont dépend la survie.
Alors vous regarderez notre monde autrement. Vous imaginerez une autre école dans laquelle un enfant est enfant, pas un code-barres, où le personnel s'y sent heureux…
Désert, Désert, laisse aller ta voix… tes voix…
Celles d'un Prince-Nomade ou d'une Princesse-Femme, épris de liberté et d'infini…
Plus d'infos sur le Collectif Quetigny - Ecoles en Danger sur le blog :
http://collectif-ecoles-quetigny.over-blog.fr
Les commentaires
A découvrir aussi
- 17 mai 2008 au Forum Social de Dijon / La Grande Ceinture
- 19 décembre 2009 à Semezanges / La Femme qui danse sur le sable
- 7 juillet 2011 / "Eva" au CFA Les Arcades Dijon
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 58 autres membres