Buenos Aires à l'amour, à la mort - Quinteto Tango Felicidad au Bistrot de la Scène
Buenos-Aires s’est invité dans l’intimité de la passion sur la scène du Bistrot de la Scène à Dijon. Le Quinteto Tango Felicidad de Patrick Bullier a servi de guide pour un voyage musical et temporel tout en frissons dans l’Argentine du XXème siècle.
Le public a ainsi traversé les décennies du tango et du milonga des musiciens de Buenos-Aires de la fin du XIXème siècle aux exilés installés en France dans le courant du siècle dernier, ceux qui ont redonné sa lettre de noblesse à une musique qui était en perdition.
Se sont succédés les œuvres des maîtres comme De Caro, Pugliese, Canaro, Troilo, Salgan et bien évidemment celui qui a fait du tango une musique qui est entrée dans le panthéon de la musique en général, Astor Piazzola avec, en particulier, son fameux Libertango.
Le Quinteto Tango Felicidad a entraîné son public dans une plongée en apnée au son envoûtant du bandonéon, pièce maîtresse d’un ensemble composé d’un piano, d’une contrebasse, d’un violon et d’une voix chaude et généreuse.
Les instruments se répondaient à souhait dans un jeu d’échos où les notes servaient d’écrans à l’errance dans un Buenos-Aires qui se réinvente dans la tête de chacun, où les fous inventent l’amour, où la vie se joue sur le fil du rasoir, jamais loin d’une mort possible mais toujours proche d’un recommencement qui fait de la tristesse un art de la création. Sans conteste, ce tango est à l’Argentine ce que le blues est à l’Amérique des noirs.
Le piano percussif de Caroline Smid et la contrebasse de Paul Frizot soutenaient puissamment le violon de Fanny Sauvin, libre et sautillant, bondissant sur le tapis musical délivré par le bandonéon de Patrick Bullier. Marylène Bullier, parfois en retenue ou d’autres fois passionnée, laissait sa voix et son regard transpercer la pénombre de la salle, au-dessus du public suspendu et silencieux.
A certains moments, les instruments jouaient à se poursuivre les uns après les autres, apportant la joie secrète du tango ou du milonga, laissant imaginer des corps dansants dans une ruelle ou un cabaret de la capitale argentine.
Ce fut un magnifique concert plein d’émotion et de frissons. Les larmes étaient parfois très proches tant le tango jouée de cette manière touche aux tréfonds de l’âme. Quand il parle d’amour, de folie, de mort, il questionne directement ce que nous sommes, ce que nous cherchons, ce qui est le marqueur de notre existence.
Buenos-Aires s’était trouvé un petit coin de paradis dans une salle de la rue d’Auxonne à Dijon ce samedi de mai 2016.
Galerie-Photos
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Le Chanteur de Tango / Tomas Eloy Martinez
Lien vers le site de Quinteto Tango Felicidad
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