Festival / Les Escales de Saint-Nazaire 2012
FESTIVAL de
MUSIQUES DU MONDE
Les ESCALES
de SAINT-NAZAIRE 2012
INDIAN CONNECTIONS
"Indian Connections", tel était le fil rouge de la 21ème édition du Festival des Escales de Saint-Nazaire, toujours installé dans le port de cette ville industrielle entre l'estuaire de la Loire et les blockhaus de la seconde guerre mondiale, décor surréaliste pour des escales musicales transcontinentales.
En effet, l'Inde était à l'honneur sous toutes ses formes (musique, danse, chant, gastronomie, culture,...). Et autour d'elle, des musiques du monde entier (Afrique, Amérique, Europe, Asie). C'était comme un grand voyage de deux jours à travers la planète musicale , ou plutôt en deux nuits. De quoi se régaler l'ouïe, la vue et tous les sens de cette présence internationale pour un voyage à 30 €.
Une Inde installée sur fond de pont de Saint-Nazaire
Et pour vous quelques souvenirs de cette "croisière" en quelques escales...
KID CREOLE AND THE COCONUTS
Kid Creole and the Coconuts a enflammé la grande scène du parc des Expositions avec son latino-funk très visuel et parodique. Le cinéma des années 50 n'est pas loin. Le Kid est toujours vêtu d'un costard large très classe. Il est accompagné de ses choristes, les Coconuts, genre femmes fatales aux bas résils qui jouent les pin-up au rythme soutenu de cette musique rock festive. C'est clair, on est dans le domaine du fun et de la dérision. La foule danse et se réjouit.
On a même droit, lors du changement de costume (car oui, comme dans les comédie musicales, il y a changement de costume !!!), à un "Sweet Home Chicago" blues rock de haute tenue par les musiciens de Kid Creole. Du pur plaisir pour commencer le festival.
Kid Creole and The Coconuts "Don't take my Coconuts"
SLOW JOE AND THE GINGER ACCIDENT
Découverte pour un grand nombre de spectateurs, Slow Joe and the Ginger Accident est un groupe composé du charismatique Slow Joe, espèce de bluesman indien à l'apparence de Joe Cocker, et du guitariste lyonnais Cédric de la Chapelle et ses musiciens. Ils se sont rencontrés sur une plage de Goa en Inde en 2007. Depuis ils ont fait la route musicale ensemble, proposant un rock new wave imprégné des Doors sur lequel la voix grave de Slow Joe déambule tel Jim Morrison à l'image d'un vieux conteur-poète. Parfois on pense à un Frank Sinatra mêlé de Gainsbourg anglophone ou à un Man In Black en déroute et heureux de l'être. L'ensemble impulse beaucoup dénergie communicative sous le hangar de la scène de l'Estuaire où les échos du public résonnent puissamment.
DIDIER LOCKWOOD et RAGHUNATH MANET "Omkara II"
Sur la scène du port, L'Inde de Raghunath Manet vient offrir sa musique et sa danse devant un public fasciné. Le violon jazz de Didier Lockwood accompagne la musique, la chant et la danse de Raghunath Manet et son percussionniste, avec en plus la voix fabuleuse d'Aurélie Prost. C'est une expérience à l'énergie incroyable et proche de la transe. La musique bouleverse ce décor de mer et de béton armé, rendant immatérielle toute chose. C'est envoûtant à souhait, majestueux et presque indicible. Les mots ne peuvent qu'approcher cette sensation extraordinaire de toucher un monde de sens et de frissons. Tout cela n'est pas sans humour quand, par exemple, Didier Lockwood vient dans le public pour un de ses solos.
Didier Lockwood dans le public de la Scène du Port
Ce projet musical rappelle une autre expérience des années 70, quand le jazz s'est approché de la musique indienne, il s'agissait du groupe Shakti avec John McLaughklin à la guitare, Lakshminarayanan Shankar plus connu sous le nom de L.Shankar, violoniste de renom et un percussioniste, un certain... Zakir Hussain, présent aussi aux Escales 2012 pour un autre concert dont nous reparlerons un peu plus bas, concert lui aussi de haute volée.
Concert de Didier Lockwood et Raghunath Manet aux Escales de Saint-Nazaire 2012
DHOLS OF JAÏPUR
Dhols of Jaïpur est un groupe de huit jeunes musiciens dont 4 tambours basses (les Dhols) qui soutiennent le tempo et 4 tambours aïgus (les Tashas) qui jouent les mélodies très dansantes. Le groupe déambule au milieu de la foule qui ne peut pas rester immobile. C'est comme une conversation animée entre les percussions au jeu hallucinant. Les têtes dodelinent et les corps ondulent. Il y a des sourires et du bonheur. C'est l'Inde de Jaïpur sur le port de Saint-Nazaire.
FATOUMATA DIAWARA "Fatou"
C'est elle qui interprêtait la sorcière Karaba dans la comédie musicale Kirikou. Actrice et danseuse, elle a croisé la route de la Compagnie Royal de Luxe. Elle a travaillé avec Damon Albarn, Omaré Sangaré, Herbie hancock, J-Paul Jones (ex-Led Zeppelin) et l'Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou (aussi aux Escales 2012).
A 29 ans, elle décide de commencer une carrière solo de musicienne avec ses chansons en bambara. De son Mali, sa terre d'origine, elle parle du monde comme l'union de tous les hommes. Elle chante l'amour et la paix (avec d'autant plus de nécessité que son pays est en proie à une guerre sécessionniste au nord). Cette belle femme au magnifique sourire propose au public des mélodies aux rythmes entêtants et l'on se prend à reprendre avec elle quelques refrains en bambara, la langue de sa région, Wassalou.
Cette musique africaine nous emporte entre folk mélodieux et musiques plus funk ou jazz. En tout cas, c'est une musique et une voix d'émotion forte.
LEE PERRY, MAX ROMEO AND THE CONGOS / REGGAE
The Congos
C'était un concert exceptionnel, tant par la personnalité des musiciens que par l'histoire de leur musique. Ils se sont succédés sur la scène du parc des expositions en commençant par The Congos , puis Max Roméo et enfin Lee Perry, celui qui est à l'origine de morceaux emblématiques de Bob Marley, Junior Marvin, Max Romeo (présent ce soir-là) ou encore les Heptones.
Ce sont les Congos qui commencent la fête, déboulant sur scène comme quatre enfants heureux d'arriver là. Ce sont maintenant des papis débonnaires et facétieux, chantant et dansant, faisant même parfois les pompes. Difficile d'imaginer leur âge, tant leur énergie fait opposition à la couleur de leurs cheveux et aux rides de leurs visages. Pourtant, c'est un vrai show qu'ils proposent. Du reggae, du vrai.
Max Romeo poursuit le concert avec tous les morceaux célèbres de sa discographie, repris par une partie du public, des connaisseurs qui savaient ce qu'ils étaient venu trouver. Pour le final, Max Romeo fait venir sur scène la relève, deux gamins d'une douzaine d'années au feeling incroyable. Ils font du reggae et du dub comme celui qui pourrait être leur grand-père (peut-être l'est-il d'ailleurs). On sent dans la gestuelle et dans certains couplets l'influence du hip hop, mais ils restent dans l'esprit de la Jamaïque rastafari.
Pour terminer, c'est Lee Perry, leur père à tous, qui arrive à son tour dans un costume d'empereur de pacotille. Il reste fringant malgré son âge avancé et il chante avec cette force si particulière aux reggaemen comme si le temps n'avait que êu de prise sur eux. Il y a quelque chose de stupéfiant à voir ainsi ces musiciens apparus dans la seconde partie du XXème siècle conserver en eux cette jeunesse d'esprit qui transcende le temps marqué sur leur corps. Au-delà de la musique et des valeurs que nous transmettent le reggae, c'est un vraie leçon de vie à laquelle nous assistons.
Oui, c'était vraiment un concert exceptionnel.
The Congos en concert aux Escales de Saint-Nazaire
Lee Perry, Max Romeo and the Congos
LUZ CASAL
Luz Casal est une grande dame de la chanson espagnole, une icône même en Espagne, ouvrant la voie par ses chansons, en particulier "No me importa nada", à l'émancipation féminine dans une Espagne moderne, progressiste et tolérante.
Elle a connu la célébrité quand deux de ses chansons, "un año de amor" et "Piensa en mi", sont devenues célèbres par le film de Pedro Almodovar "Talons Aiguilles".
A Saint-Nazaire, sur la grande scène du Parc des Expositions, c'est un très beau et très émouvant récital qu'elle a proposé. De sa voix profonde et puissante, elle a chanté la vie, l'amour, la passion, et bien sûr la femme. Difficile de rester insensible à cette présence scénique très forte, tout à la fois en modestie et en lumière. Habillée d'une robe rouge et d'un gilet noir, elle incarnait parfaitement cette Espagne libre et passionnée. Avec le groupe français qui l'accompagne, Nouvelle Vague, elle a revisité son répertoire dans des tonalités plus actuelles, nous offrant même une version en espagnol de "Duel au Soleil" d'Etienne Daho.
Un concert marquant.
Luz Casal aux Escales de Saint-Nazaire 2012
Luz Casal "Un nuevo dia brillara" (Version espagnole de "Duel au soleil" d'Etienne Daho)
SUSHEELA RAMAN
Mélange de sonorités contemporaines de la scène londonienne et de la musique savante de l'Inde du sud, les morceaux de Susheela Raman possèdent l'énergie et la rage du rock et du blues. C'est une musique puissante et fièvreuse portée par une grande présence scènique. Les percussions indiennes sonnent comme des drums de rock band avec ce doigté typique de l'Inde, entre autres avec master nagara drummer Natoo lal Solanki, appuyé par les riffs de guitare de Sam Mills.
La tradition carnatique trouve un écho sonore formidable chez Susheela Raman par le prisme du rock anglais. A Saint-Nazaire, Susheela Raman a même proposé un morceau sur Jimi Hendrix.
C'est une chanteuse à l'énergie animale, portée par la force du divin. Le lien avec le ciel est permanent dans ses chansons, l'index rappelant sans cesse ce qui se trouve au-dessus de nous, comme le dieu Muruga sur sa montagne dans la tradition tamoule. Pour Susheela Raman, musicienne nomade entre Angleterre, Inde et Australie, ces chants empreints de spiritualité et d'énergie libère la créativité de chacun.
Une autre version de la musique indienne.
Clip / Susheela Raman "Raise Up"
ZAKIR HUSSAIN
Zakir Hussain et son flûtiste
Créateur de Shakti en 1975 avec John McLaughkin et Lakshminarayanan Shankar plus connu sous le nom de L. Shankar, Zakir Hussain est le fils de l'accompagnateur du grand Ravi Shankar.
Ce percussionniste indien hors-norme est considéré comme l'un des architectes de la world music. Sa présence à Saint-Nazaire est une véritable chance tant ses concerts en Europe sont rares.
Avec son groupe il propose un voyage hypnotique à l'heure où le soleil se couche derrière l'ancienne base sous-marine allemande du port de Saint-Nazaire. Là encore les sensations sont extraordinaires tant Zakir Hussain est un virtuose dont les doigts jouent des mélodies sur le cuir tendu de ses percussions. Commence alors un dialogue musical intense entre la flûte et les tablas. On touche à l'immatériel. Lors d'une des compositions, le maître percussionniste se prend à chanter une des mélodies entendue sur un morceau de Shakti. Cela touche au sublime. Un grand moment de ce festival.
IBRAHIM MAALOUF
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