Exister aux yeux des autres. Exister tout court. C'est effectivement ça. Car un des grands paradoxes du théâtre, c'est d'être davantage soi-même en jouant des personnages que l'on n'est pas.
Par l'intermédiaire d'un rôle souvent de composition, on se découvre d'étonnantes facultés jusqu'alors bien cachées ou, à l'inverse, des côtés sombres qu'on aurait bien aimé cacher. Qu'importe, par le théâtre et le jeu avec les autres, on apprend à s'accepter comme on est parce que, dans ce lieu, on est aimé comme on est, avec toutes ses contradictions.
La beauté et la force de cet art tiennent beacucoup à cela. Et, peu à peu, sans qu'on s'en rende compte véritablement d'emblée, la façon d'aborder la vie change. Le regard sur le monde change. Une acuité plus forte à percevoir les choses et les gens. Un plaisir de la relation à l'autre. Oui, tu as raison, la Sensible, tout ça se doit au spectacle vivant, donc changeant, justement parce que les acteurs (interprêtes ?)sont vivants. D'un spectacle à l'autre, même pour la même pièce, une "remise en scène" devient une remise en question de ce qui a déjà été fait, comme si, en apparence, c'était encore une première fois. Rien n'est acquis d'avance.
C'est comme la vie, c'est comme l'amour, c'est comme les émotions. On croit déjà savoir, et pourtant on est toujours surpris de ce moment intense qui arrive à nouveau, tout neuf dans ses "habits" du jour, des "vêtements" qui ressemblent à ceux d'une autre fois mais qui apportent un nouvel élan.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait...