THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Livre / "Disgrâce" de JM Coetzee

 

DISGRÂCE

de JM Coetzee

Editions du Seuil / Collection Points

274 pages / 2001 pour la traduction française

Titre original : "Disgrace"

Traduit de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis

 

JM Coetzee a obtenu le prix Nobel de littérature en 2003 pour l'ensemble de son oeuvre. Et, dans cette oeuvre, figure ce roman prodigieux "Disgrâce". On y retrouve une grande richesse tant dans le style que dans la flamboyance de la pensée, comme dans le contexte géographique et historique qui est davantage qu'un décor, comme un personnage à part entière, en laissant les personnages de chair et d'os être au centre de l'histoire.

 

C'est un chef d'oeuvre au sens que ce roman touche à l'équilibre parfait, à la fois jusqu'auboutiste et simplement juste, émouvant et humain, caustique et, sans le vouloir, provocateur, inscrit dans les vérités et les vécus individuels et collectifs d'un grand nombre de gens.

 

L'histoire, c'est celle de David Lurie, un professeur d'université au Cap en Afrique du Sud, plutôt libre penseur, dont la vie va basculer suite  à une accusation de harcèlement sexuel.

La question du harcèlement est surtout une forme d'interrogation sur l'amour, sur le temps et ce qu'on en fait, sur le lien des générations, et surtout sur le regard social porté sur chacun de nous.

 

Puis, dans les circonstances particulières de l'Afrique du Sud, c'est aussi une façon d'inscrire un moment de la vie d'un homme et de ceux qu'il côtoie dans le contexte d'une bourgeoisie sud-africaine qui, aux yeux d'une population, doit payer pour les crimes de l'Apartheid.

 

JM Coetzee ne juge pas. Il porte son regard lucide sur les hommes et leur société, sur les rapports humains squizzés par la force de la morale et les mouvements de l'histoire du monde.

 

Le récit est grandiose, bouleversant. L'idée de la vie est puissante à l'image de Byron et de son aimée Teresa dont le personnage central du roman voudrait en faire un opéra, une espèce de double que l'art transcende, dans sa vie qui part à vau-l'eau. L'art interroge le réel, le réel réinvente des possibles que l'art a révélés. Révélation est ici un mot juste.

 

De ces multiples dimensions, l'histoire de David Lurie nous entraîne, avec fluidité, dans les méandres complexes de l'existence et ses impacts parfois violents sur nos vies. On dit souvent qu'il n'y a pas d'échecs, il n'y a que des expériences. Et la vie continue...

On peut le dire de "Disgrâce"...

 

Le roman a inspiré un film du même nom avec John Malkovitch dans le rôle de David Lurie.

 

 

Extraits :

 

Page 8

L'affection n'est pas l'amour, mais elles entretiennent des relations de cousinage.

 

Page 9

Cepandant il n'a pas oublié ce que chante le choeur à la fin d'Oedipe : Ne dis jamais qu'un homme est heureux avant sa mort.

 

Page 57

Il dîne avec Rosalind, son ex-femme. Ils sont séparés depuis huit ans ; mais peu à peu, avec prudence, ils rétablissent des liens qui ressemblent à de l'amitié. Des liens d'anciens combattants.

 

Page 58

C'est à ça que servent les putains, après tout : elles encaissent les extases des êtres disgrâcieux.

 

Page 65

Il y a des choses plus importantes dans la vie que se montrer prudent.

 

Page 90

Les désirs qu'on réprime peuvent devenir aussi hideux chez les vieux que chez les jeunes.

 

Page 95

Je ne veux pas revenir dans une autre existence comme un chien, ou un porc, et connaître la vie que nous imposons aux chiens et aux porcs.

 

Page 115

Aucun animal ne verra de justice à se faire punir pour obéir à ses instincts.

 

Page 141

Le soir tombe. Ils n'ont pas faim, mais ils se mettent à table. Manger est un rite, et les rites rendent les choses plus faciles.

 

Page 238

"Tu vas finir comme un de ces petits vieux lamentables qui font les poubelles.

- Je vais finir dans un trou en terre, dit-il, comme toi, comme tout le monde.  

 

Page 263

ça n'a pas besoin de durer pour toujours. Rien n'a besoin de durer pour toujours.

 

 

 

 

Bande-annonce du film Disgrace inspiré du livre de JM Coetzee

avec John Malkovitch

 

 Le roman a aussi inspiré une adaptation théâtrale sous forme d'opéra moderne

Operatőrök: Nagy Zágon, Becsey Kristóf, Mayer Bernadett, Táborosi András

Mise en scène de Kornel Mundruczo
Vágó: Mezei Áron



12/09/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 57 autres membres