Sans sang / Alessandro Baricco
SANS SANG
Titre original : Senza sangue
Alessandro Baricco
Traduit de l’italien par Françoise Brun
Editions Gallimard Collection Folio n°4111
121 pages
Ça commence comme un thriller. Une vieille ferme isolée dans la campagne. Un bruit de moteur au loin. Une vieille Mercedes qui s’approche.
Puis la sensation que la violence est toute proche. Un homme qui se sait menacé. Deux enfants qui se cachent. Une petite fille et son grand frère. Et des coups de feu. Une maison qui brûle. Et cette petite fille blottie dans une trappe sous le sol.
Mato Rujo. On est quelque part en Amérique du Sud. Allusions à une dictature. Des révolutionnaires à la recherche de tortionnaires.
Puis chapitre deux, le temps a passé. Une femme. Un vieil homme. Comme la fin d’une longue quête. Un dialogue enfin et beaucoup de questions sur le sens d’une dictature, d’une révolution. Sur la place de la violence, de la vengeance, de la revanche. Sur la place de l’individu libre et pensant dans un monde brutal où beaucoup se laissent embringuer dans une mouvance ou une autre sans avoir le temps de réfléchir. La folie du monde qui rend fou, qui empêche de se poser les bonnes questions.
Ce petit livre, dont l’histoire se situe dans le monde hispanique sud-américain et écrit par un auteur et journaliste italien, a quelque chose d’universel. Au centre, le questionnement sur l’humanité du monde, sur les dérives mortifères engendrées par la violence. On pense au Rwanda, à la Bosnie, aux révolutions sud-américaines bien sûr et aux dictatures (Chili, Bolivie, Argentine).
Symboliquement, c’est la femme qui questionne l’homme sur cette violence destructrice quelque soit le sens qu’on lui donne, sur la mort et les vies dénaturées, sur la souffrance inutile et les destins brouillés. Et l’on découvre une étonnante existence de femme qui cherche ce que des hommes ont tenté de lui cacher.
C’est un très beau roman paradoxalement rempli de paix et d’amour derrière l’apparence brutale du propos.
Extraits
Pages 18-19
Elle est carapace et animal, à soi-même un refuge, pour elle-même elle était tout.
Page 89
L’homme répondit qu’il faut avoir foi dans le monde pour avoir des enfants.
Page 90
C’est drôle l’idée des fous quand on ne les connaît pas.
Page 92
J’ai porté ce secret en moi toute une vie, comme une maladie.
Page 93
C’est difficile de voir deux vieux à une table et de deviner qu’en ce moment précis ils seraient capables de tout.
Page 97
Quand les gens commencent à se tuer entre eux, on ne revient plus en arrière.
Page 102
Pour survivre à quatre années de guerre, vous avez brûlé une vie entière.
"Sin Sangre", la rencontre du théâtre et du cinéma au Théâtre Molière sur Culturebox !
adaptation théâtrale du livre d'Alessandro Baricco les 12 et 13 janvier au Théâtre Molière de Sète
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