Poésie / "Transparents" Pascal Marchand
" undefined>Jan Garbarek "Red wind"
TRANSPARENTS
Tranparents comme l’eau claire,
Leurs corps se meuvent au creux des rues.
Leurs mots muets se laissent porter dans le froid sec de l’hiver,
Des arcs-en-ciel après une pluie qui n’est pas venue.
Qui les entend les sans-nom
Dont l’espoir a pour horizon le matin d’après la nuit ?
Sans question,
Ils saisissent le présent comme un bien précieux.
C’est leur seule certitude,
Le seul avenir dont ils se font une image.
Ils n’ont la vie précaire que dans le regard qu’on leur sied,
Mais à sonder dans leurs yeux,
On plonge dans ce que les rêves offrent de plus beau,
Avec des couleurs qui rougeoient,
Des pentes et des vallons, des peurs larvées et des mains tendues,
Des mots gros comme des vérités fausses
Mais sacrement vivants
Des roses avec ou sans épines et des papillons voletant.
Derrière le masque gris du monde,
Derrière les liasses de billets salis,
Derrière le clinquant des rolex et des tables de Fouquet’s,
On ose le vrai plongeon,
La cavalcade dans les ruelles animées d’émotions crues,
De mots scandés, de rires rebelles et de belles nuits nues.
La richesse du pauvre tient dans son regard vers l’essentiel
Dans l’assemblage savant et épicé
D’une pomme de terre et d’une courgette qui feront le repas
Sans supplément confortable et sans superflu.
Du peu naît l’idée neuve
Perdue souvent
Dans les folies d’amas sans fin
Dans les mémoires démultipliées qui font tout oublier
A force de croire à l’immortalité du passé
A la toute puissance du savoir absolu.
Nous ne sommes que de passage
Dans les paysages sillonnant la Terre
Nous naissons dans le mystère
Nous le procréons
Nous vivons dans le mystère
Nous le traversons
Nous mourons dans le mystère
Avec nous, nous l'emmenons
C’est l’essence de notre vie
Savoir n’est qu’éphémère
Tout temps voit ses vérités s’estomper
Dans l’ombre du jour d’après
Humilité fabuleuse de soi dans les méandres de l’autre
Puissance fabuleuse de soi dans le chemin tortueux de l’autre.
Nous sommes riches et pauvres à la fois
Et nous sommes transparents
Nos corps se meuvent au creux des rues
Dans l’arc-en-ciel d’une pluie qui n’est pas venue.
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