Road Book / Voyageurs du Monde / Véronique Durruty

ROAD BOOK

Voyageurs du monde

80 pays, 1000 photographies et carnets

de Véronique Durruty

Editions La Martinière / 2010

312 pages

Avant d'écrire ce beau livre en forme de bilan (provisoire) de voyages planétaires, Véronique Durruty a passé vingt ans à parcourir le monde, seule, en couple, et même à trois avec leur jeune enfant. De Paris à Athènes à partir de 1990 jusqu'en 2010, en passant par l'Afrique du Nord, la Mauritanie, l'Afrique Noire jusqu'à l'Afrique du Sud, Madagascar et les îles de l'Océan Indien, l'Egypte et le Moyen-Orient, l'Europe d'ouest en est, la Turquie, Israël, l'Inde et le Pakistan, le Tibet, le Sri Lanka, la Chine, Extrême-Orient, Asie du Sud-Est, Mongolie et Sibérie, l'Australie, l'Amérique du Sud, les Caraïbes, les Etats-Unis et le Canada, le Groenland, le Scandinavie et les Îles Britanniques, puis la Belgique et de nouveau la France, bref, un tour du monde quasi complet en photographies souvent décalées et en carnets de voyage, en petites notes instructives comme par exemple : Niger / taux d'alphabétisation : 29 % / Espérance de vie : 53 ans / Progression annuelle du désert : 200 000 hectares. Chaque pays visité a droit à ses annotations (alphabétisation, espérance de vie) et son signe particulier comme le Pakistan : Nombre de femmes tuées par crime d'honneur en 2007 : 636. De petites indications parfois drôles, parfois terrifiantes, mais qui en disent souvent plus long qu'un grand discours ou qu'une analyse savante et détaillée.

Japon

La mise en page faite de nombreuses photos, de textes courts, de reproductions des carnets de notes donne l'impression vivante de refaire soi-même ces voyages à l'écart des sentiers moultes fois rebattus. Vous ne trouverez donc pas la Tour Eiffel ou les Pyramides, les gratte-ciel new-yorkais ou le temple de Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine ou l'Opéra de Sydney, le Machu Picchu ou Ayers Rock. Non. C'est la vie et l'humanité qui apparaît sur les clichés. Parfois juste un pied derrière un rideau. Parfois simplement une main avec des dessins au henné comme celle d'une femme des Emirats Arabes Unis dont c'est la seule partie du corps que l'on peut percevoir d'elle. Car c'est pour la rencontre avec les gens que Véronique Durruty a destiné ses voyages. Les gens et leurs cultures, leurs manières de vivre, leurs peurs et leurs espérances, leurs petits bonheurs et leurs grandes joies, leur vie et leurs croyances. C'est très riche d'informations formelles ou informelles comme tout ce que l'on apprend sans vouloir chercher forcément à savoir. Ce qui reste dans la tête en images et en mots quand on a rencontré des gens pour de vrai, rien que pour le plaisir de voir le monde.

C'est simple et très élaboré, c'est beau et envoûtant. Cela donne une folle envie de prendre à son tour son baluchon et de partir sur les chemins de traverse avec son appareil-photo et quelques carnets pour noter et coller des morceaux de vie d'ailleurs. Il est clair que cette (fausse) simplicité qui rend ces voyages si accessibles provient du remarquable travail de mise en page de Véronique Durruty et des éditions La Martinière dont on connaît depuis longtemps la qualité des ouvrages.

Cette folle envie de voyager est d'autant plus évidente que la dernière page se présente comme le début d'un futur recommencement. On voit une petite fille (de toute évidence l'enfant de Véronique Durruty) sur le quai de la gare Montparnasse à Paris poussant un grand cri tandis qu'un train (flou) entre en gare. Au-dessus de cette photo, il est écrit : France / Dis quand est-ce qu'on repart ?

Là-encore une petite phrase de rien du tout dit l'essentiel d'un bouquin de plus de 300 pages.

Et nous, c'est quand qu'on part ?