THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Jazz et Polar / Bob Garcia

 

JAZZ  ET  POLAR

de Bob Garcia

 

Essai

Editions Laurent Delarue

2007 / 208 pages

 

 

Quand on évoque le jazz, que ce soit  par son histoire, dans les films ou les romans, dans les biographies de musiciens, l'univers qui colle  sa peau est souvent celui de la misère, de la débrouillardise et des trafics, de l'alcool, du sexe, de la drogue et des gangs. Cette idée si évidente a été la source de ce livre pour Bob Garcia : regarder de plus près dans les romans noirs comment le jazz y est présent, et pas seulement dans la littérature américaine.

 

L'auteur passe au cribble personnages et mythes du polar dans leurs rapports avec la musique et le jazz en particulier.

 

Il y est question des lieux où vivent et survivent polar et jazz : les boîtes de musique bien sûr, aussi les villes et leurs quartiers miteux, surtout la nuit. Et puis il est bien sûr question de la faune interlope qui peuple l'univers du polar jazz : le musicien génial et le musicien raté, le patron de la boîte, la chanteuse, les gangsters, les flics véreux, le barman, la pute et le mac les clodos...

 

 

Bob Garcia étaie son propos de nombreux extraits de livres qu'il liste en fin d'ouvrage, des romans, mais aussi des bandes dessinées. Cela apparaît comme une relecture d'ouvrages qu'on a peut-être lu un jour et qu'on revoit d'un autre oeil, dans un lien avec d'autres histoires qui ne parlent pas des mêmes personnages ou des mêmes destins, mais dont l'univers est très proche.

Cest un livre qui se saisit de l'énergie de dizaines de romans, donnant envie de les ouvrir ou les réouvrir.

 

C'est un voyage littéraire et musical de l'Amérique à l'Europe, ou l'inverse, voyage intense et plaisant, qui passe du désespoir aux petits instants de bonheur volés aux sombres vies, en un paragraphe, d'un roman à l'autre.

 

Se voulant essai, l'ouvrage de Bob Garcia s'attache surtout à chercher ici et là la musicalité de l'écriture comme une bande-son personnelle que chacun entend en lui quand il lit un polar jazz. Ce livre est autant essai que plaisir de la littérature et de la musique. Il se déguste comme un roman ou un bon morceau de Big Band. Bob Garcia rappelle que beaucoup des grands écrivains de polar jazz sont aussi des musiciens, de jazz en particulier.

 

Le Cotton Club dans les années 30

 

 

Extraits

 

"Incontestablement, un des liens les plus touchants entre le jazz et le polar est celui d'afficher une apparente nonchalance face aux contretemps, aux mauvais coups de la vie. Le jazz et le polar laissent percer dans le gris du quotidien un rayon de lumière rédemptrice, espoir de la note bleue pour accompagner nos héros" (Julien Delli-Fiori)

 

(Page 11) Dés son origine, le jazz fut une musique de révolte, le symbole et l'hymne d'une population déracinée et déclassée.

 

(Page 12) "Prostitution mothered jazz in New Orleans ; Prohibition fostered it in Chicago and New York". Tout est dit. Dés l'origine, le jazz a grandi dans les milieux liés à la prostitution,  à l'alcool et au crime.

 

(Page 13) Le roman noir (...) va à contre-courant de l'ordre établi et en dénonce les dysfonctionnements. Le roman noir ne craint pas de montrer la face cachée des choses, le côté sordide des êtres, des institutions et des villes : corruption, violence, misère, prostitution.

 

(Page 15) Avec la naissance du cinéma parlant, les Noirs disparaissent de la scène alors que la musique qu'ils ont inventée est récupérée par les Blancs.

 

(Page 31) Le mythe du musicien maudit (...) Le génie s'accommode mal de la normalité (...) Les biographies des musiciens de jazz ressemblent souvent à des romans noirs.

 

(Page 56) La ville Uptown : la ville des néons et des strass. Downtown : la ville des taudis et de la mort. La ville tour à tour haïe et adulée.

 

(Page 66) La solitude du musicien de jazz, dérivant sur un fleuve d'indifférence et d'incompréhension, avant d'y sombrer corps et bien.

 

(Page 116) Le "jass" est né dans les bordels de Storyville. Le jazz n'est pas prude. D'après "Talkin' that talk", l'auteur indique que le mot Jazz pourrait signifier :"Acte sexuel ; organes sexuels (...) femme considérée comme objet sexuel (...) baiser, faire l'amour (...) par extension, exciter, donner du plaisir". Jazz pourrait aussi venir de Jazzbelle, contraction de Jezabel, dans l'argot cajun : prostituée.

 

(Page 126) Qui sait ? Qui sait derrière la façade ? C'est jamais le même chemin qu'on suit, c'est quand même au même endroit qu'on va.

 

 

 

   

Jazz et Polar Bob Garcia Interview

 


Jazz Polar Concert Lecture Extraits par mbenizri



11/08/2010
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