THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Série grise / Claire Huynen

SERIE GRISE

de Claire Huynen

Editions du Cherche-Midi (2011)

109 pages

 

Voilà un livre formidable. Une sorte d’OVNI littéraire qui vient pour  bousculer autant que pour faire rire. En fait un OLNI, Objet Littéraire Non Identifié.

 

Vous pensez savoir ce qu’est une maison de retraite, dans la lenteur du temps qui s’efface peu à peu, dans les rites mille et mille fois répétés comme une somme de recommencement de gestes toujours semblables, à l’écart de la vie qui bouge. Eh bien, vous n’y êtes pas du tout !

« Les vieux m’emmerdent. »

 

Voilà comment débute le récit et cela donne le ton à tout le roman. Et celui qui dit ça, c’est un vieux lui-même qui va entrer en maison de retraite, une « maison de repos pour adultes valides ». Et il n’y a pas à dire, ils sont valides.

 

Sur le ton de l’impertinence, Claire Huynen raconte avec lucidité et cruauté l’itinéraire d’un vieil acariâtre (en fait le narrateur lui-même) dans le quotidien d’une maison de retraite.

 

Celui-ci observe avec une férocité  réjouissante ceux qui l’entourent. Il jubile de ces déchéances au quotidien.

 

C’est un roman à l’humour caustique sur la vieillesse avec de vraies questions sur ce que nous sommes, sur ce que le temps a fait de nous, ou plutôt sur ce que nous avons accepté de devenir, sur la mort et la peur de mourir, sur la solitude.

 

Souvent, on ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Les situations et les réparties sont parfois hilarantes. Et pourtant, derrière l’humour, résonnent les réalités de la vie.

 

Un livre à prendre le temps de savourer comme un temps de vie jubilatoire.

 

Extraits

 

Page 11 :

Les vieux m’emmerdent. Il faut dire que je suis le premier objet de mon dédain.

 

Pages 25-26

Parmi les femmes, deux catégories se distinguaient : les grosses et les maigres. Les grosses paraissaient un peu moins vieilles avec leurs rides emplies de graisse.

 

Page 27 :

Foucault, elles croyaient que c’était un animateur télé et Nietzche, un sirop pour la toux.

 

Page 37 :

Encore que le vieux (…) semble craindre la solitude comme la mort en avant-goût.

 

Page 56 :

La stupidité ambiante réveille en lui une énergie de condamné (…) mourir soit, mais pas étouffé par la connerie.

 

 

Page 69 :

- Vous ne croyez pas en une vie après la mort ?

- Bien que sûr que si. Je crois aussi à la paix dans le monde, à la morale de l’histoire, aux putains qui s’offrent à l’œil, et à Mary Poppins. Et je suis convaincu que Dieu a des gros seins.

 

Page 73 :

Une érection matinale inespérée m’avait mis d’humeur primesautière.

 

Page 79-80 :

Ce qu’il y a de plus répugnant chez les vieux : l’odeur. Celle du cadavre qui s’installe.

 

Page 92 :

J’accepte mal d’être vieux. Ou peut-être simplement d’être vivant. En tous cas, je n’aime pas être vieux et vivant à la fois.

 

 


Pie Tshibanda et Claire Huynen (2006) par Talentswallons



15/07/2011
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