THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

17 mai 2008 au Forum Social de Dijon / La Grande Ceinture

 

Ce fut un très beau jour autant d'un point de vue théâtral que d'un point de vue citoyen. Autant par le lien qui s'est tissé entre les gens présents (même si on aurait pu espérer un peu plus  de participants et de spectateurs) que par les questions que posaient certaines situations du moment.

Pour ce qui est du lien entre les participants, je vous renvoie vers l'article "Compte-rendu / La Grande Ceinture / Forum Social de Dijon / 17 mai 2008". L'intitulé qui précède est un lien direct vers cet article.

 

Pour ce qui est des questions qui se sont posées ce jour-là, une en particulier retient notre attention de gens de théâtre soucieux de citoyenneté. Dans la programmation de la journée, était prévu un petit spectacle d'improvisation d'un groupe de jeunes de la MJC des Grésilles. Les thèmes de leurs impros étaient proches de celui de la Grande Ceinture (exclusion sociale, discrimination, relation homme-femme, etc...). Traités par des jeunes de 13 à 15 ans dans le cadre d'un atelier d'expression, cela donne donnait lieu à des situations souvent drôles quand on les prenait dans l'absurdité de l'horreur des relations humaines. C'était un travail très intéressant. On peut imaginer tout ce que cela a demandé aux animateurs pour arriver à structurer ces improvisations pour en faire un spectacle à présenter devant un public.

 

Quand les jeunes acteurs se sont retrouvés spectateurs de "La Grande Ceinture" face à un couple qui cherche à sauver sa vie et l'amour qui les lie, il a été difficile pour eux de rester dans les codes du spectateur du théâtre traditionnel, c'est-à-dire être à l'écoute dans le silence pour mieux capter les émotions du jeu théâtral. Au final, après intervention douce de leur animateur, la plupart d'entre eux ne sont pas restés dans la salle et ne sont pas revenus pour le débat.

 

Si, en fin de compte, ce fut une forme de rupture de communication, une forme d'auto-exclusion (ce sont les jeunes qui ont décidé de ne pas rester), leur attitude nous renvoie à la question (d'ailleurs posée par un membre du public lors du débat) du rapport entre des populations qui ne se côtoient plus, des relations où les uns en excluent d'autres, où certains s'auto-excluent par leur comportement qui fragilise le lien social. On aurait pu imaginer un contact préalable entre les jeunes de la MJC et le Théâtre du Puzzle pour préparer ensemble cette soirée théâtre, ce qui aurait peut-être permis de créer du lien entre les deux groupes et donc de la confiance et du respect mutuel. Nous ne savions pas qui jouait avant nous, encore moins ce qu'ils présentaient. Nous en sommes restés à partager la scène et le temps de répétition avant les spectacles. Sans aucun doute, la forme d'organisation n'a pas donné les moyens d'unir nos énergies. D'une certaine façon, toute relative, elles se sont opposées. Il faut dire que le temps et l'urgence de l'organisation n'a sans doute pas permis de se donner les moyens d'une telle préparation. 

 

 

 

 

Cette question est à replacer dans le contexte général d'isolement des gens, des groupes sociaux, des organisations professionnelles. Au niveau national, on peut percevoir la méfiance et la crainte de l'abus de certains par rapport aux autres. Le contexte très sécuritaire de la vie sociale amplifie ces phénomènes.

 

Aussi, quand une situation comme celle-ci se présente, on peut avoir des regrets, mais également, envisager d'autres formes de contacts théâtraux, associatifs afin de ne pas laisser d'espace à une forme de violence passive parce qu'il n'y a pas de structure de communication, parce qu'il n'y a pas de mots.

 

Cette situation est une chance pour La Grande Ceinture. Nous abordons le thème de la relation humaine, de la dignité des êtres, du libre choix de sa vie. A travers ce petit aléa, on peut penser autrement la place du théâtre, pas seulement en organisant un débat à suivre, mais en construisant des espaces préalables de création en commun, à l'image de ce qui s'est fait à Sennecey lors du travail avec les enfants. Le lien amène à de la reconnaissance de l'autre, à de la confiance, à du respect, à la connaissance et à l'humilité.

 

D'ailleurs, ce petit accroc n'a pas bouleversé le cours de la pièce qui a suivi son cours. Les émotions sont bien passées de la scène à la salle, de la salle à la scène, une heure durant. Cela n'a pas gâché le plaisir de participer à une telle journée. Nous ne sommes pas venus avec nos vérités, seulement avec des valeurs (humaines) et des questionnements. Des envies de partager.

 

En cela , ce fut une très belle journée. Notre jeu théâtral s'en est paré. On se souviendra longtemps avec bonheur de ce 17 mai 2008 au Forum Social de Dijon. Avec l'envie de renouer des contacts avec les jeunes que nous n'avons fait que croiser.

 

 

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22/05/2008
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