Dijon (France) - Nottingham (England) by Eurolines
UN VOYAGE par EUROLINES
Un voyage Eurolines, c’est comme les 100 km à la marche d’Oxfam, mais en bus. Cela nécessite de l’endurance. Une sorte de voyage hors du temps, multilingue où on parle à la fois français, anglais, espagnol, italien…
Dijon (France) – Nottingham (England), 17 heures d’une nuit à l’autre. Le voyage en Angleterre commence à partir du moment où l’on pose un pied dans le bus.
Mais revenons au départ, un matin tôt.
VOYAGE ALLER
Réveil vers 3h45, le temps de finaliser les derniers détails, de vérifier si on n’a rien oublié, surtout pas les tickets de bus et la… carte d’identité.
On nous dépose à 4h30 sur les quais de la gare routière de Dijon pour un bus qui doit nous prendre à 4h45. Ça déambule pas mal du côté de la gare, des couche-tard qui doivent rentrer de boîte ou d’ailleurs, des gens avec des valises qui semblent errer en attendant les premiers trains vers 6 heures.
Le bus qui doit passer là, vient de Venise à destination de Paris.
5 heures moins le quart. Le bus n’est pas là.
5 heures moins dix. Toujours personne.
5h moins cinq. L’attente encore.
On en vient à se demander si on ne s’est pas trompé de jour, ou d’heure. Dans cette fin de nuit dijonnaise, aucun repère. Pas de panneau d’affichage, pas d’indication venant d’un éventuel haut-parleur. Juste nous, assis sur un banc sous l’abribus numéro 12.
Sur les coups de cinq heures passées, le bus Eurolines pointe son nez au coin de la rue Guillaume Tell, il contourne le parking, pénètre sur l’aire des bus et se pose juste devant nous. Un groupe de passagers en descend, de même que deux chauffeurs italiens. Ces derniers nous saluent, vérifient nos billets puis nous emmènent vers la soute pour poser nos bagages.
Nous voilà installés dans ce car qui prend la direction de Paris. Tout est calme à l’intérieur. Beaucoup de passagers dorment à poings fermés. Nous ne tardons pas à nous endormir profondément. Une pause et un peu plus de trois heures et demi plus tard, nous nous retrouvons sur l’accès routier en colimaçon qui fait pénétrer le car dans le centre Eurolines de Paris-Bagnolet, aux limites du boulevard périphérique et des buildings grisâtres de la banlieue. Ambiance un peu glauque. Un monde à la Enki Bilal. C’est comme un parking souterrain réservé aux bus d’Eurolines. Les bus en partance sont garés en épi devant des cadrans annonçant la destination et l’heure de départ.
Nous avons une petite heure pour le checking des billets pour Londres (billets et carte d’identité) et pour passer aux toilettes. Génial ! C’est payant ! Mais comme dirait- l’autre : l’envie en vaut la chandelle. Le besoin naturel se monnaie 40 centimes d’Euro.
En attendant notre prochain car, histoire de prendre un peu l’air, nous nous posons à l’extérieur des bâtiments. Nous nous trouvons dans une petite rue qui borde le périphérique. En cette journée d’août, ce boulevard autoroutier qui contourne Paris n’est pas très embouteillé, mais ça roule quand même pas mal. Le lieu est gris, le temps est gris, la ville est grise.
Seuls des panneaux géants font rêver en couleurs en évoquant Kaunas, Prague, Amsterdam, Braga, Split, Riga, Oslo, Brno… C’est un peu le soleil de cet antre de béton.
Il est temps de rejoindre le quai pour Londres. Une cinquantaine de personnes attendent l’installation du bus, des jeunes, des moins jeunes, des familles, certaines avec six enfants, des français, des anglais, des espagnols, d’autres nationalités encore. Les gens se sourient, certains même échangent quelques mots. Le chauffeur récupère les cartes d’embarquement données au checking, chacun pose ses bagages dans la soute et monte s’installer dans le bus.
La route pour Londres est ouverte. Un peu de périphérique, d’autoroute en direction de Roissy dans les embouteillages de la capitale. Le car récupère quelques passagers supplémentaires à l’aéroport du nord de Paris. Ensuite, le trafic devient enfin fluide en direction de Calais. Aucune difficulté. Plus d’embouteillage. Nous nous arrêtons à une aire d’autoroute pour déjeuner vers 13h. C’est le dernier lieu pratique avant le passage du tunnel. Vingt minutes pétantes et pas une de plus pour s’avaler un sandwich ou un plat dans la zone de restauration. Le bus roule déjà pour récupérer les derniers passagers revenant des toilettes. Cet empressement n’empêchera pas les embouteillages monstres du péage et du contrôle des pièces d’identité à Coquelle. Contrôle des douaniers français d’abord. On descend du bus pour la vérification dans les locaux de la douane, puis on remonte pour retrouver les embouteillages.
Arrivés à la douane anglaise, on descend à nouveau du bus pour la vérification des cartes dans les locaux voisins. Les soutes sont vérifiées aussi. On voit des douaniers anglais avec une sorte d’épée laser qu’ils passent sur les bagages. Nous remontons dans le bus pour une attente supplémentaire avant de monter dans le train. Le temps paraît long. C’est là que les premières discussions commencent avec des voisins dans le bus.
Nous pénétrons enfin dans le long couloir du train. Le car s’immobilise, éteint son moteur. Les portes pare-feu se ferment devant et derrière. Nous pouvons enfin descendre du bus.
Nous nous retrouvons autour dans cette partie du train entre deux portes pare-feu. Le vrai dialogue s’installe. Ça commence par la question des toilettes (point très important dans les transports en bus). Puis, de fil en aiguille, nous faisons plus ample connaissance. C’est ainsi que nous rencontrons deux jeunes musiciens. Elle, Assia, chanteuse de leur groupe Nour Azul travaille comme masseuse à Londres depuis quelques années. Pour son compagnon, Raphael, un harpiste, c’est une nouvelle vie qui commence. Il a pris la décision de s’installer à Londres avec son amie. Un aller simple sans retour. On parle musique, vie à Londres, voyage…
Un peu moins de quarante minutes plus tard, nous remontons dans le bus. Nous voyons le jour par les fenêtres du train. Nous sommes en Angleterre. Nous rejoignons Londres sans aucun arrêt. Malheureusement le chauffeur espagnol se perd dans la capitale britannique. Nous tournons pendant une heure dans le centre ville embouteillé. Nous passons deux fois à certains endroits (Regent Street, Baker Street). C’est l’occasion de voir la statue de Sherlock Holmes, le musée de Mme Tussaud, les ambassades chics et le quartier des affaires, Hyde Park…
Après toutes ces péripéties, et quelques râles d’un français exaspéré, le car entre dans la gare routière de Victoria Station. Alors que nous récupérons nos bagages, nous voyons une anglaise black qui était restée impassible et qui explique au chauffeur comment il aurait dû faire. Pas un mot plus haut que l’autre, juste une explication tranquille et sans rancune. Impressionnant !
De la gare d’arrivée, nous devons traverser une rue pour la gare de départ. Dans moins d’une demi-heure, nous devons embarquer dans un car de la National Express pour Nottingham. La gare routière est bondée. Nous avons juste le temps d’aller aux toilettes et de changer un peu de monnaie. Finalement, vers 19h30 (heure anglaise – 20h30 heure française), nous voilà partis en direction de Nottingham. Changement complet d’atmosphère. Le moteur du car est très bruyant. On se demande même s’il a des suspensions. Ça brinquebale de partout. Après les derniers embouteillages de Londres, nous empruntons l’autoroute en direction du nord. Etrange sensation. Les lumières bleues de l’allée centrale en lien aux sursauts du bus donnent l’impression de voler dans le soleil couchant. Aucun arrêt jusqu’à Nottingham. Nous retrouvons la nuit. Trois heures plus tard, le car pénètre dans la gare routière de Nottingham. Il est 22h30, heure anglaise (23h30 heure française). Nous rallions l’hôtel à dix minutes à pied. Notre vraie nuit va commencer. Nous sommes très fatigués mais nous sommes heureux de ce voyage si particulier où nous avons rencontrés plein de gens différents. Nous avons échangé, discuté. Nous étions heureux malgré les conditions du voyage et les longs moments d’attente. Tout pour 80 €, le Dijon-Nottigham. Allez ! Si vous trouvez moins cher, On demandera à Eurolines de rembourser le différence…
Et bientôt, le compte-rendu du retour !!!
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