THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Petites pensées sur les personnages de La Grande Ceinture

 

Quand l'aventure de La Grande Ceinture a commencé, nous avions demandé à Danielle Latroy (Compagnie Zigzag) de venir nous faire travailler pour que nous ayons un regard extérieur sur notre jeu. Nous avions un texte, une mise en scène, et une expérience de ce spectacle qui datait de quelques années. Le texte a été aménagé, légèrement transformé. Pour Danielle, ce devait être deux ou trois interventions de direction d'acteurs, de mise en place de pistes de travail difficilement visibles quand on est soi-même dans le jeu.

 

Au final, la pièce l'a beaucoup intéressée. Sa présence et le travail que nous avons fait avec elle se sont prolongés au-delà de toute espérance. Maintenant, nous fonctionnons en trio, même en quatuor quand une date de représentation se précise. Serge Latroy, notre régisseur, intervient alors pour préciser des qualités de lumière, pour finaliser des besoins de telle ou telle installation technique.

 

Les différentes représentations ont fait avancer la consistance des personnages de la pièce. Leur relation est devenue plus âpre compte-tenu des débats sur ce qu'est la violence des rapports humains, où elle commence, pourquoi tous les deux ne vont pas jusqu'au passage à l'acte violent.

Les contextes de représentation et les publics différents apportent des éclairages nouveaux sur les thèmes développés dans la pièce. En tant qu'acteurs, nous sommes imprégnés de ce que nous avons joué, vu, entendu, discuté. Et quand Maureen et William montent sur une nouvelle scène, ce sont des personnages enrichis d'une autre expérience de vie qui se présentent devant de nouveaux spectateurs.

 

Il se produit une alchimie particulière, une intégration fluide et informelle d'un ensemble de petits détails captés des expériences passées. Tout en restant très proches des émotions de l'instant, nous portons une énergie riche de mille petites choses que la mémoire a enregistrées, que notre esprit  a digérées sans que nous le sachions avec une conscience véritable. Nous, les acteurs, nous ne sommes plus vraiment les mêmes. Notre vie de personne a changé avec les représentations de La Grande Ceinture. Notre façon de regarder une certaine face du monde, de rentrer en lien avec certaines personnes. A partir de la fiction, nous avons bâti une réalité de communication, composé un tissage de dialogues. Nous avons ouvert des espaces de paroles. Et ce à un moment où le monde qui nous entoure, abreuvé de chiffres et de comptabilité, se cherche des lieux pour que les gens puissent exister pour ce qu'ils sont et pas seulement ce qu'ils représentent socialement en codes chiffrés (numéro de sécu, numéro de compte en banque, numéro de dossier, code d'accès à ceci ou cela, etc...)

 

 

 

"Careless love" chante Madeleine Peyroux dans la chanson qui accompagne l'article. Nous cherchons à prendre soin d'un amour de deux personnages qui en manque, acculé à de la survie du fait de la violence du monde. Comme nous cherchons à ce que les gens dans leur vraie vie, prennent soin d'eux en osant prendre la parole, en étant proches de leurs désirs, en étant à l'écoute des autres voix du monde. Nous sommes Maureen et William. Vous êtes Maureen et William. Ils sont Maureen et William. Par des personnages de papier, nous cherchons à changer. Nous cherchons à participer à la modification des rapports qui lient les êtres humains.

 

Fiction. Réalité. Où est la frontière ?

 

 

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27/05/2008
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