THEATRE DU PUZZLE

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Cinéma / "Cleveland contre Wall Street" de Jean-Stéphane Bron

Bande annonce "Cleveland contre Wall Street"

 

 

"Cleveland contre Wall Street"

de Jean-Stéphane Bron

 

avec des personnages réels et témoins dans un procès, comme la Dame en rouge, Jamie Anderson, et Josh Cohen, l'avocat de la ville de Cleveland.

 

Vous avez entendu parler de la crise des subprimes sans avoir vraiment compris. Vous avez tout juste saisi et vu les conséquences à travers le monde, notamment en France, et le grand écart entre ceux qui se sont enrichis (banques, traders, milieux financiers) et tous ceux, misérables, qui en ont payé les pots cassés.

 

Au travers des saisies immobilières à Cleveland, Ohio, aux Etats-unis, par ce film de docufiction, vous allez tout comprendre. Car il s'agit bien d'un procès, mais d'un procès... de cinéma qui remplace le vrai procès qui n'a pas eu lieu, et qui n'aura peut-être jamais lieu, le procès contre les banques de Wall Street qui ont multiplié les recours pour qu'il n'ait jamais lieu.

 

Avec les instruments créés par les marchés financiers, les banques ont ainsi profiter de l'ignorance et de l'envie des plus pauvres d'accéder au rêve américain (la propriété d'une maison, de biens...) pour les embarquer dans une plus grande misère, en les spoliant au passage du peu qu'ils possédaient.

 

Jamie Anderson, habitante de Cleveland dans un quartier pauvre

 

Jean-Stéphane Bron, cinéaste suisse, a réussi un pari incroyable : réunir dans un vrai tribunal les personnages véridiques d'un drame urbain qui sévit encore aujourd'hui (deux saisies immobilières chaque jour à Cleveland dans les quartiers les plus pauvres).

 

Entre deux scènes dans la salle du tribunal, il promène sa caméra dans ces quartiers aux maisons nombreuses, portes barricadées par des planches en bois, où vivaient autrefois de petits propriétaires qui ont cru au grand rêve de la propriété malgré leurs petits salaires.

 

Le film-procès met à jour les mécanismes amoraux du capitalisme où l'enrichissement n'existe que par l'appauvrissement d'une grande partie de la population. C'est clair comme de l'eau de roche, terrifiant constat dans le parallèle entre les expropriés et les responsables financiers qui usent et abusent de règles qu'ils ont eux-mêmes édictées, avec l'aval ou le consentement passif des gouvernements.

 

Il n'est pas besoin de grandes leçons sur l'économie et la finance. Le film, par son approche directe sur les actes et leurs conséquences, que la caméra montre avec acuité, vous économisera un cours difficilement compréhensible sur les mécanismes du monde libéral.

 

Nous sommes dans la vie réelle, dans le quotidien brut de populations qui ont cru qu'ils avaient droit eux-aussi à leur part du gâteau comme on leur avait promis.

Des gens au costume bien taillé, des courtiers démarcheurs qui au passage récupèrent de gros pourcentages sur les contrats signés, ont su habilement profiter de ces gens, majoritairement issus des minorités (noirs entre autres), des classes populaires, et des personnes âgées (une exemple est mis en évidence avec l'expulsion d'une vieille dame de 86 ans).

 

Jusqu'à l'attente du verdict, dans le temps du procès où défilent témoins à charge ou à décharge, où les avocats achèveront le procès par leurs plaidoieries, on vit cette réalité comme une fiction passionnante et passionnée.

Seulement, ce n'est pas une fiction, mais bien la réalité telle qu'elle est, dans sa crudité la plus brute, voire la plus brutale.

 

 

Un film à voir et à revoir. Bien plus efficace que les documentaires de Mickael Moore pourtant très mordants.

 

 

L'avocat Josh Cohen, qui défend les habitants et la ville de Cleveland



22/08/2010
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