Cinéma / "The Trip" de Michael Winterbottom

Michael Winterbottom met en scène deux acteurs très connus sur les scènes anglaises, Steve Coogan, déjà vu dans "Le tour du monde en 80 jours" et "Une nuit au musée" (d'ailleurs Ben Stiller apparaît dans une des scènes du film "The Trip"), mancunien revendiqué et fier des racines industrielles de sa ville du nord de l'Angleterre, et Rob Brydon, le gallois, acteur comique qui passe fréquemment dans les émissions de télévision.

Autour de l'argument d'un voyage gastronomique pour un article de l'Observer, Michael Winterbottom s'amuse de cette rencontre plus ou moins improvisée, une quasi caricature des deux personnages réels dont certains faits ont fait la une des tabloïds anglais. Coogan est un séducteur et Brydon un père de famille assumé. Les deux sont pendus à leur téléphone portable, l'un pour "gérer" un amour sans vraiment de lendemain, l'autre pour chouchouter sa femme et rester dans l'esprit de famille.

Autour des tables des restaurants chics, ou sur la route en voiture dans des paysages quasi désertiques de toute beauté, le faux documentaire tourne à la comédie savoureuse dans laquelle s'invitent les fantômes des soeurs Brontë, les spectres de Jane Eyre et de Headcliff, du poète Coleridge, de Richard Burton, de Michael Caine ou Roger Moore. Aussi Anthony Hopkins, Al Pacino, Dustin Hoffman, Sean Connery... ça parle de James Bond et des coctails qui ressemblent à de la morve mais qui sont délicieux. Les images des cuisines et des fourneaux mettent en appétit. Et ces superbes paysages des collines anglaises se dégustent comme ces petits plats qui n'ont rien à renier à la gastronomie française.

Surtout, le film parle d'amour, un peu comme un Woody Allen déluré de "Manhattan" à l'humour british, perdu dans la campagne anglaise. Et le final vient clore à contretemps ce "Trip" à l'allure de road-movie rural et souvent jubilatoire. Steve Coogan et Rob Brydon ressemblent à deux grands enfants qui s'amusent à être acteurs, en faisant semblant d'être ce qu'ils sont vraiment.

Au départ, le film a été diffusé en Angleterre à la télévision en plusieurs épisodes avant de sortir au cinéma dans sa version complète.

C'est un bel exercice de style où le spectateur garde le sourire scotché aux lèvres.