Cirque / Focus Allegoria / Compagnie Clair Obscur

Avec la Compagnie Clair Obscur et son spectacle "Focus Allegoria",

bienvenue dans le monde des saltimbanques, des sorciers et des personnages tout droit sortis de contes du Moyen-Âge, dans une ambiance "Nom de la rose" version délirante, au temps des bateleurs. C'est une création qui tourne depuis plusieurs années déjà.

Dans le bien nommé jardin des Apothicaires, rue Saint-Anne dans le vieux Dijon historique (entrée rue de Tivoli), la Compagnie a présenté son spectacle de feu les 27 et 28 juillet 2011. Spectacle de feu dans les sens propre comme figuré.

Figuré par l'énergie et la présence des acteurs qui touchent aussi au burlesque et à la Commedia dell'arte,

Propre car il s'agit d'un véritable monde enflammé où jonglages et acrobaties sont tous centrés sur le feu, le vrai.

Celui-ci devient personnage, et même le personnage central de ce voyage poétique et féérique dans un monde grotesque et divinement effrayant, voyage qui se termine par l'avancée d'un géant de flammes venant boire dans la grande coupelle que lui tend un des acteurs. C'est magique et fascinant, à l'image des échassiers et du cracheur de feu dont les salves brûlantes ponctuent le chant sublime d'une porteuse de flambeaux.

On est pris comme dans un rêve intemporel entre paradis et enfer, au pied d'une vieille bâtisse de pierre que le feu illumine. On devine le Moyen-Âge et les tableaux de Jérôme Bosch quand aussitôt nous voilà partis sur des rythmes de percussions et des musiques qui rappellent plutôt la Méditerranée africaine ou le sud européen.

Jérôme Bosch

Jérôme Bosch / La Tentation de Saint-Antoine

"Focus Allegoria" est une promenade ensorcelée dans la nuit qui s'enflamme. Entre rêve poétique et cauchemar délicieux aux apparitions de femmes oiseaux, d'homme cheval ou de poisson à deux pattes. En éclats puissants ou en semi pénombre, le feu accompagne en permanence ces étranges personnages qui s'installent dans les yeux ébahis.

Chaque tableau vivant ne semble plus n'avoir qu'un seul but : à petit feu, entrainer le public vers ce final où le Monstre Enflammé vient défier ou saluer la foule. C'est sublime. Inoui.

On voudrait que ça dure encore, même quand c'est fini. Et dans la nuit dijonnaise, par les rues presque silencieuses, résonnent encore les rires gras des saltimbanques, déambule toujours le corps longiligne du Monstre de Feu qui vient dépérir après un ultime salut, tandis que crépitent les feux d'artifice. C'est mieux qu'un 14 juillet. ça tombe bien. On était le 28 juillet 2011 et les spectateurs sortaient heureux du jardin des apothicaires dans le vieux Dijon du Moyen-Âge.