Expo Markus Schinwald au CAPC de Bordeaux - Musée d'Art Contemporain
Art Contemporain
Exposition Markus Schinwald
Au CAPC de Bordeaux
Le CAPC (Musée d’Art Cotemporain de Bordeaux) est situé dans l’ancien entrepôt des denrées coloniales qui avait façade sur les quais, connue sous le nom de « Les Chartrons ». Auparavant c’était un lieu prospère pour les armateurs puissants qui faisaient fortune dans le négoce et l’armement maritime. La destruction de ce lieu donnera naissance à cet entrepôt sous l’initiative des Douanes et de la Chambre de Commerce. Au XXème siècle, avec la construction de hangars sur les quais (toujours existants, numérotés et réhabilités en divers lieux culturels et commerciaux), le bâtiment perdra de son importance. Il fermera définitivement en 1960 et sera même menacé de destruction. Les opposants à la démolition feront prendre conscience de la valeur architecturale du bâtiment. Celui-ci sera inscrit aux Monuments Historiques et acquis par la Ville en 1973. Le CAPC s’y installera en 1974. Ce lieu deviendra pilote sur la réflexion autour de la création contemporaine. En 1984, il deviendra Musée d’Art Contemporain.
C’est dans ce lieu que se tient du 16 mai au 15 septembre 2013, l’exposition de Markus Schinwald, un artiste autrichien né en 1973 à Salzbourg. Il vit et travaille à Vienne et à Los Angeles.
Ici, sous les grandes voûtes de l’Entrepôt bordelais, on croit assister à un grand théâtre mécanique dans lequel il est donné à voir de partout, à entendre aussi. Il y a parfois quelque chose d’angoissant dans cette démesure intrigante où chaque partie du volume qu’occupent les installations de Markus Schinwald interroge sur notre humanité occidentale.
Des personnages marionnettes se cachent dans des recoins. Un plus grand est assis en hauteur à côté d’une série de portraits faussement classiques, mais placés au bas de grandes toiles ocre clair, comme si un musée traditionnel s’était installé dans une zone inaccessible pour les visiteurs. Seul ce personnage-marionnette assis là-haut peut le contempler vraiment, en être le gardien même.
Des tubulures de laiton font se rejoindre sol et plafond, formant un système asymétrique de cadres et de tuyauterie, cassant la perspective des voûtes du bâtiment. A leur côté un escalier métallique donnant la possibilité virtuelle d’être en haut pour voir autrement. Des bancs minimalistes blancs en forme de V inégal confortent dans le dérangement voulu de l’espace traditionnel. Le but est clairement de perturber le regard sur ce volume ancien de grande taille.
Pour ajouter à ce trouble, on croise à différents endroits des formes étranges peut-être animales, peut-être marines, peut-être sans forme définie, avec des courbes et des arrondis qui laissent à penser qu’elles peuvent changer de forme comme des masses organiques gluantes.
Plus haut, sur les tubulures, des corps mi-insecte, mi-humains s’accrochent aux barres de laiton comme des acrobates ou des animaux volants. Ils sont baptisés « legs » et rappellent la fascination de Markus Schinwald pour les corps contorsionnés ou entravés.
On retrouve cette idée dans les deux vidéos projetés à l’écart dans des espaces ressemblant à de petites chapelles. Accompagné de musiques presque hypnotiques et de voix sourdes et monocordes, on voyage dans un ancien lieu industriel désaffecté et laissé à l’abandon. Des personnages mutiques en errance, aux gestes répétitifs cherchent pourtant à s’en échapper par des cordes qui les entraînent vers la hauteur ou en tentant presque désespérément en se libérer de câbles pris dans leurs chaussures. Un autre, dont le pied est coincé entre deux parois de plâtre, semble danser au bord de l’essoufflement pour sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve.
L’ensemble, vu du rez-de-chaussée ou de l’étage, apparaît comme un lieu labyrinthique où il est plaisant de se perdre tant le foisonnement des œuvres est frappant. Elles questionnent notre corps et notre existence sur notre liberté d’être, de mouvement.
Une superbe exposition à découvrir au CAPC de Bordeaux – Musée d’Art Contemporain, à deux pas des quais de la Garonne jusqu’au 15 septembre 2013.
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