Exposition Camille Claudel à Dijon en 2008
Camille Claudel
Au printemps 2008, le Musée Archéologique de Dijon a consacré ses locaux à une magnifique exposition sur Camille Claudel. De nombreuses sculptures (68), des bronzes et des plâtres, des dessins à la plume, aux crayons de couleur, au fusain avec rehauts de craie, de nombreux extraits de sa correspondance, des films documentaires sur sa vie et son oeuvre.
Les oeuvres présentées s'intégrent dans l'histoire personnelle de Camille Claudel, elle et son frère Paul, écrivain de talent, êtres tourmentés, elle et sa passion pour Auguste Rodin, amour flamboyant, source de création et de folie. Tout parle d'elle. Etonnante sensation de proximité avec des oeuvres qui évoquent surtout les sentiments d'une femme dont la vie ressemble à une tragédie antique.
Entre espoir et misère, face à la réputation bientôt mondiale de Rodin à qui le pape lui-même demandera à être "bustifié", elle sombrera dans la dépression. Grandeur et douleur d'une artiste confrontée à la réalité sociale trop forte. Femme artiste de génie, chahutée entre l'absolu et le tourment, elle ne trouvera pas sa place dans ce monde où l'art dépend de l'économie et de la reconnaissance des pairs et des critiques. Paradoxe de l'art qui a besoin d'argent et d'un certain marché pour exister, espace qui ne rêve pourtant que de liberté pour créer.
Pour les artistes de cette époque, il y avait trois possibilités pour se faire connaître et espérer gagner de la notoriété : d'abord pouvoir exposer dans les salons officiels, gagner les concours les plus prestigieux, et obtenir des commandes de l'Etat. Si Camille Claudel a pu exposer dans les salons de 1882 à 1905 (elle remporta même une mention honorable pour sa çacountala), elle n'a pas reçu de commandes publiques qui auraient permis une reconnaissance de son vivant et donc l'argent nécessaire pour bien vivre de son art. Ses oeuvres ont été souvent reléguées, dans des musées mineurs ou lointains (la Niobide blessée fut présentée au musée de Béjaïa en Algérie sans aucun espoir de retour en France, Clotho fut installée dans un escalier du musée du Luxembourg. Non répertoriée par le musée, elle disparut) ou tout simplement refusées.
Pourtant, la beauté et la sensualité des bronzes donnent vie à cette histoire extraordinaire de femme. Dans les regards des bustes posés sur leur socle, on peut lire l'amour fou et la détresse, le désir d'absolu, l'imploration et l'abandon. Toutes ces sculptures semblent vivre en ce lieu chargé d'histoire ancienne et parlent pour Camille Claudel, parlent de Camille Claudel. Il en ressort une très grande émotion.
En regardant la photo de cette vieille femme assise sur une chaise dans un asile en 1935 à Montdevergues, près d'Avignon, il est difficile de ne pas ressentir de la compassion pour elle. On aurait envie de lui parler, de lui dire quelque chose, que son oeuvre est sublime. Des mots muets sortent de la bouche dans sa direction. Elle, Camille, ne dit rien, son regard nous fixe, de ce qu'elle appelle la "prison" où elle a terminé sa vie.
Paul, son frère, dira d'elle, "ce joyau de famille", qu'elle est "la pierre qui voit clair. On n'a qu'à fermer les yeux, et la main voit. Elle est là qui vous conduit au travers de l'obscurité."
"Il y a toujours quelque chose d'absent qui me tourmente" (1886)
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