THEATRE DU PUZZLE

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Histoire d'une oeuvre / "La Vague" de Hokusai

HISTOIRE D'UNE OEUVRE / "LA VAGUE" de HOKUSAI

 

 

A l’occasion de la catastrophe nucléaire de Fukushima, une œuvre d’art du 19 siècle est revenue dans les mémoires, c’est « La vague » de Katsushika Hokusai (1760-1849).
Cette œuvre datée des années 1829-1833 porte le nom complet de « La grande vague (près de la côte de Kanagawa) ».

 

 

 


  
Elle fait partie de la série de ce grand maître de l’estampe japonaise : « Trente-six vues du Mont-Fuji ». Car, effectivement, si petit qu’il apparaisse sur le tableau, c’est bien du Mont Fuji qu’il s’agit. C’est l’une des images les plus célèbres  de l’art japonais en Occident.

 

Dans les estampes appelées ukiyo-e au début du XIXème siècle, les paysages sont devenus l’un des sujets principaux de la peinture japonaise, entre autres sous l’influence de Hokusai. Au siècle précédent, ils n’étaient que des arrières plans.

 

Dans « La vague », c’est la nature qui tient le premier rôle. Les humains minuscules sont réduits à de petits personnages impuissants face à l’immense vague qui va les submerger. Ils sont malmenés par la mer. Au fond, le ciel inquiétant juste derrière le Mont Fuji enneigé annonce une aggravation comme un signe de tempête.

Il est clair pour Hokusai que l’existence humaine est fragilisée face aux forces de la nature.

Ce n’est pas étonnant que cette estampe soit ressortie au moment du tsunami qui a provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima. Des dessinateurs de presse comme Plantu l’ont utilisée pour
évoquer les menaces qui pèsent sur la planète au XXIème siècle.

 

 

 

 

Sur l’œuvre originale, l’écume de la vague ressemble à des griffes  vivantes qui forment un contraste avec la sérénité lointaine du mont Fuji. Le ciel menaçant  est peint par un dégradé subtil qui crée une atmosphère troublante autour de la montagne. Ce type de dégradé s’appelle le bokashi. Il est obtenu en essuyant en partie la couleur sur le bois gravé avant qu’ait lieu l’impression. Ce fut l'une des inventions qui ont fait évoluer la xylographie au XIXème siècle, procédé de reproduction multiple d'une image sur un support plan, papier ou tissu, en utilisant une tablette de bois gravé comme empreinte pouvant être reproduite par estampage (ou impression).

 

Pour ce qui est de la signature du grand maître, elle se trouve en haut à droite du cartouche de titre. On peut y lire « Hokusai aratame litsu hitsu » (en français « du pinceau d’litsu, autrefois Hokusai"). Le peintre a utilisé une trentaine de noms différents  pendant dans sa carrière. De nombreuses œuvres sont signées « Gakiojin Kokusai », en français « Hokusai, fou de dessin ».

 

 

Katsushika Hokusai, autoportrait / Musée du Louvre

 

 

La place de Hokusai dans l’art japonais du XIXème siècle et dans l'art japonais en général est très importante, encore plus par le contexte artistique et historique, à une époque où les occidentaux ont fait connaître cet art chez leurs congénères : grande exposition de Londres en 1851, exposition internationale de 1862. Les estampes japonaises, ukiyo-e, y connurent un très grand succès. Elles influencèrent des tendances artistiques comme le Mouvement  esthétique. Des magasins londoniens comme celui de Regent street  et Tiffany & Co à New-York proposèrent des marchandises en provenance du Japon ramenés par Christopher Dresser (1834-1904), designer et entrepreneur passionné d’art japonais.

Cet art du pays du soleil levant fut aussi accueilli en France avec beaucoup d’enthousiasme, entre autres par l’intermédiaire d’Edmond de Goncourt (1822-1896). Tout cela participa à l’émergence du japonisme. Tadamasa Hayashi, marchand d’art à Paris, vendit à cette époque plus de 150 000 ukiyo-e entre 1890 et 1901. Les jeunes peintres français des cercles impressionnistes et pos-impressionnistes s’intéressèrent de près aux effets visuels dynamiques des estampes.  Ils reprirent certaines approches comme l’exagération de la perspective, l’asymétrie de la composition, les à-plats de couleurs unies et le cadrage des personnages.

L'art de Hokusai influença Monet, Van Gogh, et Guauguin entre autres.

Un marchand d’art allemand, Siegfried « Samuel » Bing (1838-1905) publia même une revue  mensuelle illustrée sous le titre « Le Japon artistique » qui joua un rôle important  dans la diffusion en Europe de l’art japonais. Il ouvrit aussi un magasin à Paris, la Maison de l’Art Nouveau en 1895.

 

On dit de Katsushika Hokusai qu'il serait le père du manga, mot qu'il a inventé et qui signifie "esquisse spontanée".

 

Voici d’autres estampes de la série "Trente-six vues du Mont-Fuji" par Hokusai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 36 vues du Mont Fuji

 



09/03/2012
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