THEATRE DU PUZZLE

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L'histoire de la place de la République à Dijon

 

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Tous les dijonnais connaissent cette fameuse place où, chaque Noël, est installé le marché et sa grande roue. C’est maintenant une place qui vient d’être réaménagée pour les piétons autour du grand projet de nouveau tramway à Dijon.

Longtemps, un parking était installé en son centre entre deux squares. A présent, c’est le paradis des promeneurs pédestres, des familles et des amoureux en goguette. De petits kiosques permettent de casser la croûte et de se désaltérer autour de la statue de Sadi Carnot, président de la république d’origine dijonnaise, et ses nouvelles fontaines. De longs bancs en bois au design très moderne encadrent la place devant les arrêts de bus et les deux stations de tram (ligne 1 et ligne 2).

 

 

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A voir tout cela, peut-on imaginer qu’en 1880, ce n’était qu’un immense terrain vague en bordure des remparts et de la porte Saint-Nicolas. Ce lieu portait le nom de Place Saint-Nicolas car il faisait face à la porte du même nom. Il était utilisé les jours de foire ou pour des exercices militaires. Des casernes se trouvaient toutes proches.

C’est avec le débastionnement (destruction des remparts), travail de 17 municipalités successives pendant presque 75 ans, de 1824 à 1897, que Dijon connaîtra sa plus grande transformation urbaine depuis l’ouverture de la rue de la iberté en 1724.

Avant cela, Dijon était une cité ceinte de murailles à moitié en ruines. Cela provoquait des protestations des habitants des faubourgs proches qui étaient obligés d’emprunter ces passages réduits pour se rendre au centre ville. Les réclamations se sont accumulées et les remparts furent abattus. La porte Saint-Nicolas disparaîtra en 1840. Le nivellement de ce lieu laissera un important vide. L’obsession des municipalités qui vont se succéder sera d’aménager cet espace.

 

Des projets d’aménagement vont être présentés comme celui de Victor Marchand (1820-1909) qui se distingue des autres par sa modernité et son originalité. Elu maire de Dijon en 1886 sous l’étiquette radicale, il souhaitait la réalisation d’un monument « à la République Fraternelle des Peuples ». Il confia ce projet à l’architecte Félix Vionnois. Sur ce monument devaient figurer les effigies des grands hommes de l’histoire du monde comme Guillaume Tell, héros de l’indépendance suisse, Simon Bolivar surnommé le Libertador, icône politique et militaire de nombreux pays d’Amérique Latine, Giuseppe Garibaldi, considéré comme le père de la « patrie » italienne, Georges Washington,  premier président des Etats-Unis d’Amérique, Victor Hugo etc…

La souscription prévue à cet effet échouera suite à une polémique sur un lycée de garçons dont le coût et le luxe seront jugés exorbitants. Cette polémique amènera à la démission de Victor Marchand en 1890. De plus, la présence possible de Garibaldi sur le monument indisposait la frange conservatrice et catholique de Dijon qui lui avaient reproché son repli lors de la seconde bataille de Dijon du 21 au 23 mars 1871. L’état aussi n’apportera pas son soutien pourtant nécessaire pour ce projet.

Seule compensation qu’obtiendra Victor Marchand, la place prend le nom de Place de la République.

 

Un évènement tragique va débloquer la situation. Paradoxalement, cet évènement aura lieu à Lyon. Il s’agit de l’assassinat du président Sadi Carnot par un anarchiste italien le 24 juin 1894 durant l’exposition universelle et coloniale.

Au mois de juillet qui suit, le conseil municipal de Dijon vote le principe d’un monument en sa mémoire, situé au centre de la Place de la République.

Cela a aussi un autre but : répondre d’une façon républicaine à la statue de Saint-Bernard édifiée quelques centaines de mètres plus loin en 1853. Cette statue était jugée trop cléricale par les républicains.

Le monument dédié à Sadi Carnot est inauguré le 21 mai 1899 par le président de la république de l’époque Emile Loubet (1838-1906). Ce sera l’occasion pour lui de décerner la croix de la légion d’Honneur à la ville de Dijon pour son héroïsme pendant la guerre franco-allemande de 1870. Quatorze villes bénéficieront de cet hommage rare.

 

 

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La statue en marbre blanc de Sadi Carnot trône au pied d’un pylône central quadrangulaire. A son sommet, est érigée comme une coiffe la figure allégorique de la renommée. Celle-ci tend une couronne de lauriers au-dessus de la tête du président. Celui-ci est encadré par les allégories de l’Histoire. Ce sont des œuvres de Mathurin Moreau comme la statue de Sadi Carnot. La représentation de la douleur est par contre une œuvre de Paul Gasq.

 

 

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En 1919, un cinéma-théâtre ouvre ses portes au numéro 2 de la place de la République. Il s’agit de l’Alhambra. Le public s’y pressera pour voir de films courts et des attractions de music-hall. Dans les années 20-30, de nombreux concerts y seront organisés avec la présence des solistes célèbres de l’époque.

En 1930, Maurice Martenot (1898-1980), grand pédagogue de la musique, y présentera un instrument révolutionnaire qu’il a créé en 1928 : les « Ondes Martenot ». Le succès est immédiat. Cet instrument est considéré comme l’un des plus anciens de la musique électronique. Aujourd'hui le site est occupé par un bar restaurant du nom de "Au Bureau". 

 

 

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Une rénovation de la Place est envisagée entre les deux guerres. Mal dessinée à l’origine, elle n’aboutira pas.

 

Le président Vincent Auriol plantera un arbre de la liberté le 15 mai 1948 . A part cela peu de choses bougeront mis à part la création d’espaces de détente aux extrémités de la place, des endroits avec des arbres imposants et isolés de la circulation automobile de plus en plus nombreuse.

 

En 1996, la chute d’un marronnier centenaire sur une voiture en stationnement va conduire au remplacement des arbres âgées ou malades par des érables planes. Aujourd’hui, en plus des pelouses et des fontaines, on trouve des essences arborées comme le Sophora dit du Japon même s’il est originaire de Chine. Cela reste un arbre très cultivé au Pays du Soleil Levant.

 

 

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La place de la République est aussi liée à l'historie des transports publics dijonnais. Cela remonte à 1888 avec l’omnibus ou « cars Ripert » du nom de leur inventeur, un carrossier marseillais du nom d’Antoine Ripert. Tractés par des chevaux, ils desservent 2 lignes. L’une d’elles rejoint la place de la République et le Port du Canal.

 

 

Omnibus parisien.jpg L'alter égo parisien de l'omnibus dijonnais

 

 

Plus tard, peu à peu, le tramway prendra le relais à partir de 1895 jusqu’en 1961.

 

Depuis 2012, avec le nouveau tramway Divia, la place de la République est devenue un point central du réseau dans son axe avec la place Darcy et la gare SNCF.

 

Les espaces verts ont redessinés par l’architecte-paysagiste strasbourgeois Alfred Peter, responsable des plantations du tramway. Une fontaine contemporaine a été construite au pied de la statue de Sadi Carnot et surtout mise en lumière. Trois systèmes d’éclairage valorisent la place à la nuit tombée.

La place est maintenant entièrement piétonne et reste encadrée par deux squares arborés. 5.500 pavés de pierre de Comblanchien de couleur beige recouvre l’esplanade centrale, le tout agrémenté de bancs et de kiosques.

 

 

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A l’occasion des travaux du tramway, des fouilles  ont révélé des voies médiévales et modernes ainsi que des maisons et d’autres voies de circulation du temps de l’ancien faubourg Saint-Nicolas, rasé au XVIème siècle pour bâtir la porte et le bastion du même nom. 

 

(d'après un article de David Richin dans "Vie Senior")

 

Lien avec d'autres articles sur Dijon

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12/04/2016
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