Livre / "Mort à Berlin" de Mary Margaret Kaye
MORT à BERLIN
de Mary Margaret Kaye
Editions Albin Michel / 1987
Traduction de l'anglais par
Claudine Chonez et Hugues de la Chesneraye
261 pages
Voici un livre retrouvé dans la bibliothèque d'une maison de famille et qui prenait la poussière sur les étagères. C'étaient les vacances et le titre semblait alléchant pour quelques après-midi à l'ombre dans le jardin.
Mary Margaret Kaye, connue également sous le nom de M.M. Kaye, a écrit ce livre dans les années 50 alors qu'elle séjournait à Berlin où son mari militaire se trouvait avec son régiment après la guerre. Il fut brusquement rappelé en Angleterre pour un nouveau poste. Comme il n'avait provisoirement pas de logement pour sa famille, sa femme est restée quelques mois à Berlin avec leurs deux filles avant de rentrer au Royaume-Uni. C'est durant cette période où elle s'est promenée dans le Berlin en ruines de l'après-guerre, entre autres dans les faubourgs verdoyants entre Herr Strasse et le Grünewald que M.M. Kaye a imaginé une histoire qui redonne vie à ses maisons dont certaines avaient été occupées par des nazis.
"Mort à Berlin" est un roman policier sur cette ville en lente reconstruction et occupée par les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale, ville de trafics à l'image de Vienne dans "Le Troisième Homme".
ici, il est question d'un petit groupe de britanniques des milieux militaires et diplomatiques, avec leurs familles, qui débarquent à Berlin. Dans le train qui les menait dans l'ancienne capitale du Reich, un général anglais a été tué dans un compartiment-couchette. Très vite on comprend que ce meurtre n'est pas l'oeuvre d'un assassin de passage mais qu'il est lié à une vieille histoire datant de 1940 et dont il s'avère que plusieurs témoins se retrouvent ici présents sans pour cela qu'ils le sachent véritablement.
Dans cette ambiance très british, réceptions et "cups of tea", on sait que d'autres haines se cachent derrière les non-dits, d'autres intérêts.
L'histoire tourne autour d'un personnage principal, Miranda Brand, une jeune anglaise qui, elle, n'est là que pour un mois de vacances finalement quelque peu particulières et pour qui les souvenirs de la guerre vont se réveiller brutalement.
C'est une ambiance très Agatha Christie dans une Allemagne détruite, comme si on avait transposé l'Angleterre Victorienne dans une zone en ruines et en proie aux fantômes du passé guerrier. Ce roman est l'occasion de découvrir la vie d'une ville occupée dans l'après-guerre où il est difficile d'aller vers un avenir serein tant les destructions sont massives. On devine que M.M. Kaye a vu de ses propres yeux le décor qu'elle décrit avec beaucoup de précision.
Voici donc un bon polar pour des vacances. Le livre est encore disponible à tout petit prix (entre 3 et 5 €) sur les sites Internet de librairie de livres d'occasion.
Extraits
Page 47
Pauvre Stella ! Être obligée de mener une vie que l'on hait pour être avec l'homme qu'on aime, ce devait être cruel.
Page 171
(à propos d'une femme de chambre allemande)... je suis tout à fait sûre que c'est une espionne soviétique. Elle se trimballe toute le journée avec ses grosses bottes russes et ne se lave jamais. Elle est censée être cuisinière, mais n'est même pas capable de cuire une pomme de terre et, quand je m'en suis plainte, elle a rétorqué qu'elle ne connaissait pas la cuisine anglaise, seulement la cuisine allemande. Bien entendu, je lui ai dit : "Eh bien, nous mangerons de la cuisine allemande, j'aime beaucoup goûter des plats étrangers." Mais il semble que sa cuisine allemande soit comme sa cuisine anglaise, en pis. Je veux dire qu'elle déverse des quantités de graisse sur tous les plats, et c'est tout.
Page 218
Elle mourrait pour lui si c'était nécessaire. Pour lui, elle accepterait certainement de mentir, de combattre, de ruser, pour le protéger (...) Mais même un oiseau fera semblant d'avoir une aile brisée, jouera son rôle à la perfection, boitant et battant des ailes, pour écarter un ennemi du nid.
Page 238
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle en était certaine. Il y avait quelque chose de simple et d'évident, quelque chose qui hurlait mais qu'elle ne pouvait entendre parce que l'angoisse allait et venait en elle comme chez un animal terrifié pris au piège.
Page 261
La vie est plus importante que la mort.
La série de livres de M.M. Kaye "Death in..." ("Mort à...")
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