THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

25 janvier 2013 / "Eva" à la Médiathèque de Sennecey-lès-Dijon

Médiathèque de Sennecey-lès-Dijon

Vendredi 25 janvier 2013 à 20h30

 

 

EVA 

une pièce de Pascal Mullard

Mise en scène : Pascal Marchand

Jeu : Claudie Tenacci et Jean-Luc Edouard

Musique originale improvisée au piano : Jean Gueneau

 


 

 

 

Eva a soixante ans. Nous la retrouvons chez sa fille Emmanuelle qui vit en Australie avec Ted, son compagnon.

 

Un soir, alors qu’Emmanuelle dort, Eva est face à Ted. Ils parlent de celle qui pour l’une est sa fille, pour l’autre la compagne. En parlant d’elle, ils parlent d’eux. Eva témoigne et Ted questionne. Eva déroule le fil de sa vie. Ted, peu à peu,  se dévoile. Nous assistons à cette rencontre intime, joyeuse, parfois délurée, rythmée par les notes improvisées au piano de Jean Gueneau.

 

Il est question d’amour et de lien, de l’idée de grandir, de trouver son chemin. En arrière-plan de ce face-à-face, se posent les grandes questions de la vie. 

 

Le spectacle dont les représentations ont commencé en 2011 pour le Festival Intinaires Singuliers est revenu dans l'agglomération dijonnaise après des passages à Strasbourg et Lyon, puis dernièrement au Festival de la Plaine à Barges en octobre 2012. 

 

Cette fois-ci, c'était dans le cadre de la Médiathèque de Sennecey-lès-Dijon pour une soirée théâtre consacrée à l'idée d'AIMER, sous toutes ses formes.

Le pièce aborde autant le lien d'amour entre une mère et sa fille, comme celui du couple, comme entre deux êtres en général, ou plus généralement dans la société, avec cette idée de tolérance et d'acceptation de l'autre comme il est.

Le très beau et très émouvant texte de Pascal Mullard nous transporte sur les rives de l'intime, vers ce que ce qui ne se dit pas d'emblée, mais qui, formulé, aide à trouver son chemin dans une société où le non-dit est roi. 

 

Claudie Tenacci (alias Eva) et Jean-Luc Edouard (alias Ted) ont magnifiquement porté le texte par leur jeu sobre et puissant, parfois déjanté, montrant peu à peu comment, à partir d'une simple question en début de soirée : "Est-ce que je peux vous pouvez une question personnelle ? (...) ça ne vous gêne pas qu'elle (Emmanuelle) habite si loin de vous ?", la nuit qui commence devient unique.

 

Eva, femme partie en quête d'une vie libre, raconte Emmanuelle sa fille, se raconte aussi et ouvre à Ted les portes de ce qu'il a gardé secret.  Ils se livrent tous les deux, donnant à l'intimité une beauté particulière. A travers Emmanuelle, Eva et Ted, c'est l'amour qui devient le personnage principal de l'histoire.

 

En parlant d'Eva, un des spectateurs a évoqué Juliette Gréco, l'égérie des musiciens et des poètes de Saint-Germain des Près, sur fond de jazz, de littérature, de chansons, de fumée de cigarettes et de vie dégustée sans limites. C'est exactement cela qui permet à Ted de pouvoir dire ce qu'il tait depuis toujours, en rentrant dans les rêves fous d'Eva, dans sa vie réelle mêlée d'art et de nature. La liberté vécue ou rêvée est contagieuse

 

Cette beauté des âmes était amplifiée par le jeu de Jean Gueneau au piano dont la musique faisait corps avec les personnages comme un aller-retour permanent entre ce qui est dit, joué sur scène et les notes du clavier. Le musicien, installé à la vue du public, dans la ligne du décor, donnait l'impression que c'était le lieu lui-même qui répondait en musique à Eva et Ted, qui donnait parfois la "la" à la parole, ou à d'autres moments, en posait le dernier mot. 

Et, pour finir en apothéose, Jean Gueneau s'est installé au centre de la scène et s'est lancé dans une improvisation qui ramenait, uniquement en musique, à l'univers d'Eva, Ted et Emmanuelle. Les notes se faisaient parfois symphoniques, parfois dissonnantes, à d'autres moments très intimes comme des gouttelettes de sons. L'univers d'Eva était là tout entier dans les doigts du pianiste. 

 

L'émotion a été très forte. Le grand silence durant le spectacle était un signe de cette présence par l'écoute et le regard.  Les retours du public, à la fin du spectacle, l'ont rappelé.

 

Ce fut donc une belle soirée de théâtre et d'émotion. Eva peut continuer sa route. Son message peut encore être  entendu...

 

 

 

 

 

 



05/01/2013
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