Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre / Pascal Marchand
Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre
Ce monde de convenance et d'enfermement confronte violemment la liberté de l'humain.
L'homme a été fait de sorte qu'il puisse penser, concevoir, sentir et apprécier ce qui l'entoure, ceux qui l'entourent. Il peut se laisser aller à des élans libératoires comme des vagues qui ramènent à la surface les forces de vie qu'il avait enfouies.
Et ce sont justement celles–ci qui portent la véritable humanité de chacun car elles sont issues de nos rêves d'enfant, des questions humaines laissées sans réponses, des volontés de vie qui font fi de la morale.
Et dés qu'elles surgissent sur l'espace cloisonné construit par des générations aveugles et désespérées, elles regardent cet horizon fait de clôtures et de haies, d'espoirs rendus impossibles, de fausses vérités au goût amer de prison ;
Et ce monde ne laisse que la solitude comme unique échappatoire, ou le rêve qui sera catégorisé comme romantique, mot élégant qui permettra ensuite de le classer, l'exclure dans le domaine abscons de l'impossible, voire même de l'interdit.
Le mot impossible n'existe pas. Il a été inventé pour fermer la porte des rêves, pour signifier la fin de l'enfance, pour faire barrière à toute velléité d'existence.
Car, en effet, qu'est-ce qu'exister ? Est-ce se lever tous les matins en se demandant ce que l'on va faire ? Ce que nous aurons à souffrir ? Ce que l'on va acheter ? Ce que notre bourse récupérera de menue monnaie ou de grosses coupures papetières ? Ce que nous construirons pour les lendemains que nous considérons avec certitude ? Est-ce cela « Exister » ?
Et le soleil à cet instant qui brille au-dessus de nos têtes ? Et cette lumière qui éclaire nos yeux et nous ramène la couleur d'autres pupilles, la puissance d'autres vies ? Et cet élan qui porte nos mots et nos gestes ?
Tout cela retenu dans le carcan sécuritaire qui bride le bouillonnement de la vie, des vies.
Pour exister, les hommes ont alors inventé le combat. Combattre pour être libre, combattre pour libérer, combattre pour rencontrer (ce qui, à défaut de vaincre, laisse au moins le goût d'avoir vécu), combattre pour être reconnu vivant aux yeux du monde. Combattre… Combattre… Nécessité impérieuse à l'évidence.
Pourtant, parfois, ce combat peut devenir un autre enfermement, celui où on appartient à une masse perpétuellement agissante, un mouvement, un grondement où notre cri se mêle à des milliers d'autres, en même temps que s'impose l'idée de ne pas exister seul, de n'être qu'un maillon qui n'a plus de nom propre. Qui est devenu un nom commun formant une histoire mouvante et impersonnelle. Alors se perd la réalité humaine oubliant la perception de l'homme autant humain unique qu'élément humble de l'humanité. Celui qui a une âme et de l'envie pour lui-même, aussi une responsabilité vis-à-vis de ses congénères.
Alors le vieux monde gagne encore dans la négation de l'individu imposée dans l'idée d'une société comme valeur unique, commune et inaliénable. Avec ses règles, non pour libérer l'homme, mais pour le contrôler, pour lui imposer des chemins perçus comme les seuls possibles, comme des vérités universelles.
Gandhi
« Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre. »
C'est Georges Bernanos qui l'a écrit en 1949 dans « Les enfants humiliés ».
Enfants humiliés. C'est sans aucun doute ce que nous sommes, d'être ainsi réduits à l'état d'êtres étiquetés à qui on donne le droit d'acheter des produits étiquetés, de vivre des vies étiquetées, cataloguées, de se déplacer sur des espaces étiquetés, pancartés, surveillés, moralisés.
Dans ma situation d'humain se voulant libre, en lien avec d'autres pour lutter contre les injustices, pour une autre vie, en lien avec les élans personnels de mon existence terrestre,
je crie un grand « MERDE ! » ce matin.
Ça fait du bien. En ce printemps 2009 qui pointe son nez par quelques rayons souriants, c'est mon état d'indiscipliné qui refait surface, mon état de révolté parfois, et mes envies de révolution violemment douce, doucement sismique de magnitude 25 sur l'échelle de Richter. Avec des sourires et de la joie, avec du bonheur à partager et des rires. Beaucoup de rire.
Une sensation profonde de l'instant présent comme seule certitude de notre vie.
"Celui-là seul est heureux et grand qui n’a besoin ni d’obéir ni de commander, pour être quelque chose"
{Goethe, poète allemand 1749-1832}
Lien vers d'autres articles
Désobéissance civile et Résistance / Citations
La Désobéissance Civile / Henry David Thoreau
Libre pour soi, libre pour les autres... / Pascal Marchand
I went to the woods / Henry David Thoreau
A découvrir aussi
- Libre pour soi, libre pour les autres... / Pascal Marchand
- Le Kototama / William Gleason via Laurent Caigneaux
- Pensées de papillotes
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 58 autres membres