THEATRE DU PUZZLE

THEATRE DU PUZZLE

Les lettres de Louise Jacobson / Nadia Kaluski-Jacobson

 
 
 
 
 
 
de Nadia
 
 
 
 
 
Cette correspondance est restée longtemps cachée par la famille rescapée jusqu'au jour où les révisionnistes ont remis en cause l'existence des chambres à gaz et de la Solution Finale. Nadia Kaluski, la grande soeur de Louise, résistante à Lyon pendant la Seconde Guerre Mondiale, en a été éberluée. C'était comme si on assassinait sa soeur une seconde fois. c'est ainsi qu'elle a ressorti ces lettres-témoignages des cartons où ils étaient cachés pour ne pas faire vivre les enfants de l'après-guerre dans les souvenirs difficiles à porter.
Nadia Kaluski a dit lors d'une rencontre avec des enfants d'une classe primaire en 1999 : "Hitler a peut-être réussi, car il nous a pourri l'existence pour plusieurs générations."
 
 
 
Lettres du père de Louise (7-9 et 11 septembre 1942)
(en cliquant sur l'image, elle s'agrandira)
 
Lettre de Louise du  12 septembre 1942
(en cliquant sur la lettre, il est plus facile de la lire)
 
 Lectures de lettres de Louise Jacobson à La Couarde (79)
 
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En 1998, le Théâtre du Puzzle a travaillé sur les lettres de Louise Jacobson en collaboration avec l'école primaire de Chamboeuf (Côte d'Or). Avec le Théâtre du Puzzle, les enfants avaient réalisé un film de 8min45 sur la rencontre avec Nadia Kaluski-Jacobson. Son titre "Louise, une voix qui traverse le temps". Le film a obtenu le 1er prix du documentaire lors de la Biennale Internationale du film documentaire scolaire de Semur-en-Auxois en 2000.
Toujours en 1998, les enfants de l'école primaire de Chamboeuf ont aussi  réalisé une exposition sur la Seconde Guerre Mondiale en lien à la vie des Jacobson. Nadia Kaluski, la grande soeur de Louise, survivante de la famille, avait aimablement prêté des photographies familiales. Cette expo a été présentée lors des lectures publiques des lettres de Louise que le Théâtre du Puzzle a organisées au Centre Socioculturel de Gevrey-Chambertin au printemps 1998, en présence de Nadia Kaluski-Jacobson.  Elle y dédicaça plusieurs de ses ouvrages, ce qui permit des discussions personnelles avec les lecteurs comme ce fut le cas lors de la présentation du film aux parents d'élèves de l'école de Chamboeuf quand "Louise une voix qui traverse le temps" leur fut montré en 2000.
 
 
 
Nadia Kaluski-Jacobson a poursuivi sa relation avec les enfants de Chamboeuf, un peu comme une grand-mère d'adoption à l'histoire extraordinaire. La mémoire de Louise, sa petite soeur, décédée à Auschwitz, retrouvait la vie dans le coeur de ses enfants qui reprenaient le flambeau de l'humanisme. D'ailleurs c'était la raison de vivre de Nadia et elle en était heureuse.
Nadia Kaluski est décédée quelques années plus tard. Par ses voyages nationaux et internationaux, par ses rencontres dans le milieu scolaire, elle avait eu le temps, avant que la vieillesse ne l'empêche de circuler ainsi, de semer une autre idée de l'existence basée sur le respect de l'autre, à travers la courte vie de sa soeur dont l'histoire se poursuit encore dans l'esprit d'un certain nombre de personnes dont beaucoup de jeunes.
 
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JACOBSON Louise

1924-1943

Lycéenne assassinée à Auschwitz

 

Née à Paris, le 24 décembre 1924, Louise Jacobson est la dernière des trois enfants de Salman Jacobson et Golda Veldzland, tous deux juifs d'origine russe.
Son père, ouvrier et militant politique, avait émigré à Paris en 1907. C'est là qu'il rencontra sa future femme, la mère de Louise, en transit pour les Etats-Unis, mais qui resta finalement en France. Mariés en 1913, ils sont naturalisés français en 1925, un an après la naissance de leur fille. Le couple divorce à la veille de la Seconde guerre mondiale. Louise, étant la plus jeune, reste avec sa mère et poursuit sa scolarité. Son frère, sa sœur et leurs conjoints se réfugient à Lyon et proposent en vain à Louise et à sa mère de les rejoindre.

En 1942, Louise est en classe de terminale au Cours Vincennes et prépare le baccalauréat. Recalée à la session de juin, elle suit des cours de rattrapage d'été au lycée Henri-IV pour se représenter en septembre. Elle ne porte pas l'étoile jaune pour se rendre au lycée. Le 31 août 1942, deux policiers français l'arrêtent à son domicile avec sa mère. La jeune lycéenne est incarcérée à la Petite-Roquette, puis transférée à la prison de Fresnes, dans la section des mineures. De là, elle va écrire à sa famille aussi souvent qu'elle le peut.
Dans ses premières lettres, son moral ne semble pas encore entamé lorsqu'elle dit familièrement : " Mon bachot est dans l'eau… Je suis la seule pucelle et la seule détenue politique…  "

Assisté par un avocat, son père est autorisé à lui rendre visite et à lui faire parvenir des colis. Six semaines plus tard, le 14 octobre 1942, Louise est transférée à Drancy et déportée à Auschwitz par le convoi n° 48 du 13 février 1943. Elle a été probablement gazée à son arrivée. Sa mère est déportée quelques mois après elle, le 20 novembre 1943. Elle sera gazée elle aussi.

Pendant les cinquante ans qui suivent la disparition de Louise et de sa mère,
Nadia Kaluski-Jacobson, la sœur aînée de Louise, rassemble toutes les lettres que la jeune fille avait envoyées aux différents membres de sa famille. Elle se bat aussi pour faire corriger sur les registres d'état civil la mention " morte à Drancy " et la faire remplacer par " morte à Auschwitz " (aujourd'hui encore, des corrections en ce sens continuent à apparaître au Journal Officiel).
En 1988, Nadia fait lire les lettres de Louise à l'avocat Serge Klarsfeld. Un an plus tard, il les fait publier par l'Association des fils et filles des déportés juifs de France en les préfaçant.
Les Lettres de Louise Jacobson attirent le metteur en scène Alain Gintzburger qui les adapte pour le théâtre. D'abord jouée en 1991 au théâtre Marie Stuart à Paris, son adaptation est ensuite traduite et montée en Allemagne. Elle l'est également en Italie où le journal l'Unita diffuse des lettres de Louise Jacobson dans un des suppléments dominicaux tirés à près de 300.000 exemplaires.

 

Le Cours Vincennes où Louise avait étudié est devenu depuis le lycée Hélène-Boucher. Une plaque y rappelle que Louise Jacobson fut parmi les treize élèves de l'établissement arrêtées par la police de Vichy, déportées et assassinées à Auschwitz. Dans l'immeuble qu'elle habitait au 8 rue des Boulets, dans le 11e arrondissement de Paris, une autre plaque signale aux passants que " Dans cet immeuble furent arrêtées Louise Jacobson âgée de dix-sept ans et sa mère Olga Jacobson. Elles furent déportées et assassinées à Auschwitz en 1943 parce qu'elles étaient juives. "

 

En 1997, une nouvelle édition des Lettres de Louise Jacobson et de ses proches paraît aux éditions Laffont. La première des lettres que Louise écrivit de Drancy le 29 décembre 1942 fut pour son père. Elle la lui adressa sur une de ces minuscules cartes qui étaient les seules autorisées pour la
correspondance :

"Je te préviens : prends une bonne loupe. Tout d'abord, je te souhaite, mon cher papa, une bonne année (elle n'aura pas de peine à être meilleure), une bonne santé et tout ce que tu peux désirer. J'ai reçu ta carte avec un immense plaisir. Ça y est, j'ai dix-huit ans ! Moi aussi, j'espérais les fêter près de toi, mais tant pis. Le pyjama est splendide et me sied épatamment. Lorsque je l'ai mis, on m'a déclarée la plus élégante de la chambre. Je n'y touche pas. Je le mettrai lorsque je serai libre. J'ai réveillonné, tu sais. A six, nous avons fait un très bon dîner et nous nous sommes quittés à 11
heures. Nous sommes une bonne bande de copains qui nous entendons très bien.
Je te remercie aussi pour le médicament, pour la crème, enfin pour tout ce que tu m'as envoyé. Je suis très bien montée en affaires. Non, je n'ai pas besoin de mon corsage blanc. Ici, tout se salit à une vitesse effrayante. Dans sa dernière carte, du 12 février 1943, Louise s'efforce de ne pas montrer son inquiétude. Elle pense même à préserver sa mère en demandant qu'on ne l'avertisse pas de son départ :

Triste nouvelle, mon cher papa, après ma tante c'est mon tour de partir. Mais ça ne fait rien. J'ai un moral excellent comme tout le monde d'ailleurs. II ne faut pas te faire de bile, papa. D'abord, je pars dans d'excellentes conditions. Je me suis très, très bien nourrie cette semaine. J'ai eu deux colis par procuration, l'un d'une camarade déportée, l'autre de ma tante et maintenant ton colis qui est arrivé juste pile.Je vois d'ici ta tête, mon cher papa, et, justement, je voudrais que tu aies autant de courage que moi. Je sentirais, j'en suis sûre, que tu supportes bien cette nouvelle tuile. Écris cette nouvelle en zone libre avec des ménagements. Quant à maman, il vaudrait peut-être mieux qu'elle ne sache rien. C'est absolument inutile qu'elle se fasse du mauvais sang surtout que je peux très bientôt revenir avant qu'elle ne sorte de prison.
C'est demain matin que nous partons. Je suis avec mes amis car il y en a beaucoup qui partent. J'ai confié ma montre et le reste de mes affaires à d'honnêtes gens de ma chambre. Mon papa, je t'embrasse cent mille fois de toutes mes forces.
Courage et à bientôt. Ta fille Louise. "

 

Ce seront ses derniers baisers : elle sera assassinée avant d'atteindre sa vingtième année.

 
Traduction du livre en allemand
 
  Traduction du livre en italien
 
 
 


01/06/2009
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