THEATRE DU PUZZLE

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Zoli / Colum McCann

 

"Zoli" de Colum McCann

Editions 10/18   345 pages  / 2006

 

Colum McCann récidive. Il poursuit son oeuvre magistrale avec ce roman exceptionnel de force, de sentiments, d'humanité, de compréhension de l'être humain dans toute sa diversité. Après "Le Chant du Coyote", "La rivière de l'exil", "Les saisons de la nuit", et quelques autres, voici "Zoli"...

Un roman fabuleux sur l'histoire d'une femme tzigane en Europe, des années 30 aux années 2000, de la Slovaquie à la France, en passant par l'Autriche et l'Italie. "Zoli" ou comment les différents régimes, fasciste, communiste, libéral, ont cherché à stigmatiser ou utilisé les tziganes pour des intérêts pas toujours honnêtes, loin de là. C'est la vie de Zoli, de sa famille et de la Kumpania, les gitans avec lesquels elle voyage. Ce sont ses amours et sa passion du chant et de la poésie, de la lecture dans un monde nomade où la culture reste orale et l'écrit non toléré. C'est l'histoire d'une manipulation pas vraiment voulue, ou tout au moins des actes considérés comme une considération des tziganes contre leur gré, évènement qui changera le destin de Zoli. C'est l'histoire d'une vie de patience sans vrai renoncement, avec une force extraordinaire qui pousse en avant, l'histoire de citoyens d'ailleurs, et pas que des gitans, même des sédentaires qui ne se retrouvent pas dans les identités fermées, des citoyens du monde pour lesquels le mot frontière est synonyme de tyrannie.

C'est un livre érudit sur le monde gitan, plein d'émotion. Un livre où l'amour transparaît à chaque page.

L'histoire de Zoli est librement adaptée de la vie de Papusza, poétesse polonaise née en 1910 et décédée en 1987.

"Nos voix nous viennent des voix des autres" dit Colum McCann. C'est ce qu'il explique dans ses notes au sujet des sources documentaires très riches qu'il a trouvées à Bratislava, dans les archives roms du Texas, dans les villages roms à l'est et à l'ouest de la Slovaquie, au Hunter College de New-York, à l'American Irish Society, à la Bibliothèque Municipale et au Cullman Center de New-York, auprès d'un nombre considérable de personnes en Europe et aux Etats-Unis dont il cite les noms.

Un auteur référence parmi des voix plus anonymes, et cela donne un roman exceptionnel à lire absolument. Il ne s'agit pas que de roms, mais de la vie humaine en général dans toutes ses interactions, dans toute sa richesse, dans toutes ses contradictions, ses horreurs et surtout dans le formidable espoir que rien n'est impossible.

 

En cette période de l'été 2010, où les Roms, les Gens du Voyage, les Tsiganes sont autant maltraités, voici un livre qui permet d'accéder à une meilleure compréhension de ce que sont ces humains au mode de vie différent, une façon de sortir du populisme destructeur et manipulateur qui réduit aux images simplistes de sales voleurs de poules et parias de la société.

 

Extraits

 

(Page 25) Il y a des choses de l'enfance que seule l'enfance connaît.

 

(Page 30) Il disait que le plus important n'était pas le nom, mais ceux qui le donnent.

 

(Page 77) La mémoire a des fulgurances, mais on ne revient jamais précisément à l'endroit dont on est parti.

 

(Page 126)La vie d'un homme ne comporte vraiment un début, un milieu et une fin qu'au moment où on la quitte.

 

(Page 127) L'alcool est une biographie.

 

(Page 142) Nous avons fait irruption dans sa solitude pour tromper la nôtre. 

 

(Page 197) Un petit feu ne se voit pas (...) Les petits feux ignorent le couvre-feu.

 

(Page 231) Déblayer la neige chez soi (...) Celle qui demande le plus d'effort est celle qu'on a en soi.

 

(Page 234)... la mort. Il n'y a rien de plus banal puisque ça nous arrive à tous.

 

(Page 266) On ne traverse pas les montagnes en Autriche. On suit les vallées, les rivières. On est comme étreint entre deux seins pas toujours accueillants, mais qui vous guident le long du chemin.

 

(Page 285) ( à propos du Mur de Berlin) ...le mur est tombé (...) Peut-être était-ce moins un mur qu'une idée. Simple, mais empêtrée dans sa simplicité.

 

(Page 291)Ce chant, nous l'avons appelé silence / Mais il nous répondait sans cesse.

 

 

Liens directs vers les articles :

Le Chant du Coyote / Colum McCann

Les Saisons de la Nuit / Colum McCann

Et que le vaste monde poursuive sa course folle / Colum McCann

 

 



01/09/2009
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