Le Chant du Coyote / Colum McCann
Le Chant du Coyote
de Colum McCann
Edition originale en anglais / 1995
Editions Belfond (2007) / 269 pages
Editions 10/18 Pocket (2008) / 288 pages
De la grande littérature...
L'histoire d'un jeune homme de 23 ans, Conor, qui retourne en Irlande dans un petit village du Comté de Mayo rendre visite à son père après cinq années aux Etats-Unis. Un père alcoolique et quelque peu agressif. Père dont l'unique intérêt est la pêche à la mouche pour attraper un énorme saumon qui semble narguer sa patience.
Au travers des photographies que son père a prises lors de ses grandes pérégrinations du temps de sa jeunesse, le fils retrouve une vie disparue. Il retrouve son père autrement que par l'image dégradée de l'homme qui laisse dépérir sa vie. Le fils retrouve sa mère partie sans laisser d'adresse il y a bien longtemps. Et surtout il se retrouve lui-même enfant d'un couple et d'une histoire commencée en Irlande et qui s'est poursuivie au Mexique puis aux Etats-Unis.
Les photos éparpillées comme des morceaux poussiéreux d'une vie oubliée sont semblables à un parcours initiatique que remonte Conor pour mieux comprendre comment on en est arrivé là. Chaque regard sur une image argentique est un retour sur une époque, sur des gens qui vivent et sur des émotions pétrifiées, concentrées et immobiles, puis soudain cinématographiques dans la tête et l'imaginaire de Conor.
Colum McCann nous offre là une oeuvre exceptionnelle (et ce mot n'est pas exagéré). Une oeuvre d'une intensité foudroyante. Une sorte de road-movie où on ne sait plus qui sont les winners et les losers, et même plus simplement s'il y en a vraiment.
Un livre à lire pour retrouver une humanité que l'époque contemporaine, tout à sa recherche de profit, a laissé au bord de la route.
Extraits :
(Page 41) C'est bizarre mais c'est agréable d'être de retour - C'est toujours agréable d'être de retour où que ce soit, absolument où que ce soit, avec la tranquillité d'esprit que procure la certitude que l'on ne restera pas.
(Page 53) Il suivait la ligne médiane qui sépare le lâche du vagabond.
(Page 150) Elle se souvenait de choses qui s'étaient passées des années auparavant aussi clairement que si elles venaient d'avoir lieu, avec un désir irrépressible de les vivre une seconde fois, un désespoir à l'idée qu'elle ne le pourrait jamais ; c'était comme un pélerinage au coeur de ses aspirations.
(Page 195) Brusquement je me suis dit qu'une seconde de la vie d'un insecte pouvait correspondre pour nous à une décennie, que le monde entier pouvait se fracasser en prismes subjectifs, devenir un concentré d'existence, se limiter à la force de chaque instant.
(Page 228) Le vieux faisait des bruits avec sa bouche... peut-être qu'il mangeait ses rêves.
(Page 261) On finit par apprendre des choses qui ne peuvent pas guérir.
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