Calligraphie du désert / Isabelle et Hassan Massoudy
Il grandit dans une société traditionnelle marquée par la rigueur de la religion et la brûlure du désert, mais aussi par la joie collective des grandes fêtes et l'esprit de solidarité. Très jeune, dans cette ville (Najef)où toute image est prohibée, il investit sa passion de l'art dans le dessin et la calligraphie et consacre toute son énergie à se procurer papiers et pigments. En 1961, il part pour Bagdad comme apprenti chez différents calligraphes. Il y apprend son métier. Il visite des expositions d'art moderne qui l'émerveillent et rêve de faire des études d'art. Mais il se trouve pris au cœur de la tourmente politique qui conduira à l'avènement de la dictature. Après de multiples séjours en prison, il quitte l'Irak pour la France en 1969, libre mais déchiré.
Il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Là, il fait de la peinture figurative. Il n'abandonne néanmoins pas la calligraphie, elle lui sert à financer ses études en réalisant des titres pour des revues arabes. Petit à petit, la calligraphie va s'infiltrer dans sa peinture figurative, pour, à la fin, prendre sa place et la faire disparaître.
En 1972, avec le comédien Guy Jacquet, puis rejoint quelques années plus tard par le musicien Fawzi Al Aïedy, il crée le spectacle Arabesque et commence à faire des créations publiques de calligraphie arabe projetée sur grand écran. Avec ce spectacle, mêlant musique, poésie et calligraphie, durant treize années, ils vont tous trois sillonner la France et l'Europe. Par cette pratique, Hassan Massoudy est à la recherche de la spontanéité du geste et de l'instantanéité de l'expression. Cette expérience marque un tournant dans son travail.
Le tracé de sa calligraphie devient plus rapide et son geste plus large. Traditionnellement la calligraphie arabe se réalise principalement en couleur noire. Afin de mieux exprimer ses sensations, il va introduire la couleur dans ses œuvres de grand format sur papier.
Parallèlement à ses créations picturales, seul, il va continuer à faire des créations/improvisations en public, intitulées Calligraphie d'ombre et de lumière (voir la programmation éventuelle dans expositions et événements). La calligraphie naît sous nos yeux. Les signes noirs s'inscrivent dans la lumière. Les phrases, les mots, les lettres, sont projetés sur l'écran. Avec lenteur, se déploient les pleins et les déliés qui évoluent librement dans l'espace. Puis le geste s'accélère, le mot se charge d'énergie pour mieux maîtriser son équilibre. L'esthétique de la calligraphie, sa géométrie, ses rythmes, se dévoilent. Les compositions se construisent. La gestuelle dynamique donne vie à la poésie
En 1995, il participe au décor du ballet Selim, avec Kader Belarbi danseur étoile de l'Opéra de Paris et Houria Aïchi chanteuse, sur une chorégraphie de Michel Kalemenis.
En 2005 il rencontre la danseuse et chorégraphe Carolyn Carlson ainsi que le musicien et joueur de ney Kudsi Erguner. Tous trois, accompagnés de trois danseurs et trois musiciens, vont créer le spectacle Métaphore où musique, danse et calligraphie vont vivre en harmonie. Ce spectacle fut créé au festival d'Istanbul en juin 2005, puis il fut interprété en 2006 en France à Dijon, Perpignan, Roubaix, Châlons-en-Champagne, et en Italie à Rome au Teatro Valle.
Ses œuvres[modifier]
Les créations d'Hassan Massoudy sont le fruit d'une rencontre entre le passé et le présent, entre l'art oriental et l'art occidental, entre la tradition et la modernité. Il perpétue la tradition de la calligraphie tout en rompant avec elle. Il épure son trait, tend vers une grande simplicité de la ligne. Le contenu : les mots, les phrases qu'il calligraphie, ont été écrits par des poètes, des écrivains du monde entier, ou dits simplement par la sagesse populaire. Son œuvre est traversée par une culture humaniste. L'émotion ressentie à la vue de ses calligraphies est procurée par le mouvement des lignes, leur légèreté, leur transparence, le rapport entre le noir et le blanc, le plein et le vide, le concret et l'abstrait.
Hassan Massoudy a gardé de sa formation de calligraphe, en Irak, l'esprit noble de l'artisan qui fabrique ou invente ses outils et prépare lui-même ses encres à partir de liants et de pigments colorés.
Il expose ses calligraphies régulièrement et a déjà publié une vingtaine de livres.
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