Chroniques de l'Asphalte 3/5 / Samuel Benchetrit
Chroniques de l'Asphalte 3/5
de Samuel Benchetrit
Editions Grasset (2010)
250 pages
Après la jeunesse dans les cités de banlieue, après les débuts dans le monde du travail, Samuel Benchetrit poursuit son "autobiographie" en revenant aux années collégiennes et plus spécifiquement aux relations amoureuses.
Dans la même veine humoristique et enlevée qui a fait la force et le succès des précédents opus, on retrouve les héros de sa bande de losers magnifiques, toujours empêtrés dans leurs soucis du quotidien, dans des études qui ne marchent pas très fort et dans des relations difficiles à la famille, avec en plus les premiers amoureux. ça travaille dur côté libido.
C'est brut de décoffrage avec beaucoup d'autodérision et de tendresse. Si on oubliait la pisse, la violence, la grisaille, la crasse et la misère, on en viendrait presque à rêver cette vie-là. Car on sent bien qu'il les aime ses personnages, Samuel Benchetrit. C'en est à en pleurer de rire ou parfois à en rire pour en pleurer.
Les amours adolescentes offrent là une nouvelle palette de cette jeunesse où "baiser" en devient une obsession. Toutes ces histoires d'amour sont autant sordides parfois que tendres la plupart du temps. Traitées avec un humour décapant, tout peut se dire, même la misère sentimentale ou les relations physiques plutôt tordues.
ça parle fort et ça ne pense (presque) qu'à ça.
Il est étonnant qu'un cinéaste ne se soit pas encore intéressé à ces chroniques tant elles sont imagées et cinématographiques. Peut-être Samuel Benchetrit lui-même qui est aussi cinéaste (pour mémoire le magnifique "J'ai toujours rêvé être un gangster") se prendra-t-il au jeu de mettre en images Karim, Dédé et toute la bande de la cité.
En attendant ce livre est à savourer comme le deux premiers opus dont il est question dans un autre article de ce blog, toujours dans la rubrique "Conseils de lecture"
Samuel Benchetrit
Extraits :
Page 39 : Un succès, c'est tout le monde connaît sans jamais n'avoir rien vu.
Page 61 : Alors il a roulé une grosse pelle à Marie-Jo en lui disant :
- Je t'aime.
Et elle, ça l'a complètement excitée, elle lui a chopé la tête pour lui en rouler une autre, mais vraiment dégueulasse. Le Kamel a fait une drôle de gueule après ça, comme s'il s'était pris une poutre ou qu'il avait foutu sa tronche dans un anaconda.
Page 106 : C'est toujours de mettre un prénom sur ceux qu'on aime secrètement.
Page 135 : Les rêves voyagent avec nous, ils laissent des portes ouvertes où nous sommes allés.
Page 139 : La vérité, c'est qu'on serait partis en enfer si on nous avait invités.
Page 157 : On a fait comme tout le monde, on a cherché le lama. C'est pas qu'on manque de personnalité, mais c'est juste plus marrant que de glander dans le hall.
Page 165 : Mais la télévision est un mensonge, et le monde lé vérité.
Page 186 : Moi, quand je rêve, je me casse.
De passage à la Fnac de Lille, Samuel Benchetrit nous parle de son dernier recueil de nouvelles, Les Chroniques de l'asphalte (3/5). Dans le troisième volet de sa série, il raconte cette fois des histoires d'amour. L'occasion d'en savoir un peu plus sur l'amoureux qu'il a été ado et qu'il est aujourd'hui. Une vidéo de Bruno Masseboeuf et Elsa Grenouillet
Lien vers l'article :
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