Je me suis tu / Pasteur Martin Niemöller
Emil Gustav Friedrich Martin Niemöller (né le 14 janvier 1892 à Lippstadt et mort le 6 mars 1984 à Wiesbaden) fut un pasteur, théologien allemand et créateur de l'Eglise confessante (Bekennende Kirche).
Fils du prêtre luthérien Heinrich Niemöller et de sa femme Paula née Müller. D'abord militaire décoré lors de la première Guerre Mondiale, Niemöller s'orienta vers la théologie après avoir éprouvé les horreurs de la guerre. Niemöller a en effet servi comme sous-marinier et pratiqué la guerre sous-marine à outrance. Il écrivit dans ses mémoires, après avoir assisté au torpillage d'un navire de transport : "Ce 25 janvier 1917 a marqué un point de non-retour dans ma vie, car il m'a ouvert les yeux sur l'impossibilité absolue d'un univers moral".
Au moment de la montée en puissance du pouvoir par les nazis, qui noyauta peu à peu l'église allemande, le pasteur Martin Niemöller, pourtant partisan du régime hitlérien et ancien des Corps Francs, appela les pasteurs hostiles aux mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le "Pfarrernotbund", la "Ligue d'urgence des pasteurs", qui respecterait les principes de tolérance énoncés par la Bible et la profession de foi réformatrice. Cet appel eut un grand écho : à la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d'un tiers des ecclésiastiques protestants, avaient rejoint ce groupe dissident. La "Ligue d'urgence des pasteurs", soutenue par des protestants à l'étranger, adressa au synode une lettre de protestation contre les mesures d'exclusion et de persécution prises envers les juifs et envers les pasteurs refusant d'obéir aux nazis.
Malgré les protestations, Martin Niemöller fut déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément à la retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décida de lui rester fidèle, et il put ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions de pasteur.
Niemöller fut arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen. Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau. Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945, il se consacrera par la suite, jusqu'à sa mort en 1984, à la reconstruction de l'Église protestante d'Allemagne et prendra de plus en plus de distance avec les milieux conservateurs de ses origines pour devenir un militant pacifiste.
Poème attribué à Niemöller:
Als die Nazis die Kommunisten holten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Sozialdemokraten holten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Sozialdemokrat.
Als sie die Gewerkschafter holten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Gewerkschafter.
Als sie die Juden holten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Jude.
Als sie mich holten, gab es keinen mehr, der protestieren konnte.
JE ME SUIS TU
Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose.
Ce poème a depuis été repris sous diverses formes pour illustrer l'acceptation trop docile de certaines personnes quand les acquis sociaux ont été remis en cause comme dans la fonction publique par exemple, dans l'Education Nationale en particulier avec se sluttes pour sauvegarder les acquis des enseignants remplaçants, améliorer le statut des Employés de Vie Scolaire (EVS), sauver les réseaux d'aide aux enfants en difficulté (RASED) toujours menacés de suppression, pour réagir aux trop noimbreuses suppressions de classes et au non-remplacement des personnels absents. Toutes ces menaces n'apparaissent jamais de front pour éviter une rassemblement général des professionnels de l'éducation.
Un très beau texte adapté de celui de Martin Niemôller est diffusé sur le site de collectif Résistance Pédagogique (lien dans l'article sur ce blog) qui reprend en termes modernisés la pensée de Martin Niemöller.
En tout état de cause, ce poème nous rappelle comme nous sommes dépendants de notre environnement, même si nous voulons faire l'autruche en pensant que ce qui se passe ailleurs dans la sphère publique, même à quelques kilomètres de chez nous ne nous concerne pas. Ce texte nous rappelle à notre devoir de citoyen d'être à l'écoute du monde dont les éclats douloureux nous reviennent souvent à la figure, y compris quand on veut les éviter. La situation mondiale au niveau environnemental, les grands conflits comme celui qui oppose Occident et Orient, et encore la crise économique sont révélateurs de notre impossibilité à fermer les yeux sous peine de se retrouver un jour ou l'autre face à ce que l'on voulait ne pas voir.
En ce sens, au-delà du côté religieux de la personne, ce texte attribué à Martin Niemöller est universel.
Pascal Marchand
(D'après l'encyclopédie en ligne Wikipédia)
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