Oxfam Trailwalker 2013 - Préparation - 06 octobre 2012 entre Vernot et Francheville
Samedi 6 octobre 2012.
Jean-Luc Edouard et Pascal Marchand (du Théâtre du Puzzle), plus un ami, Bruno, ont décidé de randonner entre Vernot et Francheville (Côte d'Or) toute la nuit. 25 km prévus. Objectif : se faire plaisir et puis aussi se préparer pour le Trailwalker 2013 d’Oxfam les 25 et 26 mai prochains (100 km à la marche en moins de 30 heures).
Après un parcours en campagne en juin, le groupe retrouve Francheville, côté forêt cette fois-ci. La forêt et ses combes. La forêt et sa couverture végétale qui assombrit le ciel nocturne. A priori, le groupe devait être formé au départ de trois personnes, mais une compagne de marche inattendue a décidé de les accompagner tout au long du parcours, sans leur demander leur avis : la pluie. Fine souvent, mais parfois abondante. Et elle restera jusqu’au petit matin. Elle ne s’arrêtera qu’au lever du jour… quand les trois compères seront rentrés à Dijon.
Cela n’a pas empêché que cette balade nocturne garde tout son charme particulier et surtout sa magie de la nuit. Malgré la pluie et le ciel chargé, les chemins étaient facilement visibles de leurs yeux à la pupille élargie, souvent sans lampes frontales allumées. Ainsi, le groupe a pu profiter de cette ambiance si particulière de la forêt quand le soleil s’est couché. Les yeux et les oreilles grands ouverts, c’était comme un concerto du silence rythmé par la musique de la pluie, ponctué de brames plus ou moins lointains, de bruissements de feuillages, du bruit des pas, le tout baigné par les parfums humides et les odeurs animales. Comme à ce moment furtif où un effluve très fort se fraie un passage vers les narines. Un cerf sans doute à quelques pas, juste quelques secondes. Il restera invisible malgré sa présence certaine. Puis quelques heures plus tard, alors que le groupe traverse le bois dans un passage très sombre, un chevreuil brusquement lève la tête, se demandant sans doute qui sont ces trois cyclopes à l’œil lumineux sur le front. Les lampes frontales transforment les yeux de l’animal en deux points jaunes luminescents. Celui-ci hésite, regarde quelques secondes les promeneurs, traverse rapidement, puis revient brutalement de l’autre côté avant de s’évanouir dans l’obscurité du bois. La forêt retrouve son silence derrière le rideau dense de gouttes que les frontales laissent apparaître. Et cette autre fois, où les trois randonneurs devine un cerf. Ils ne voient que son postérieur avant de disparaître à son tour.
Kilomètre après kilomètre, le monde forestier montre son histoire, ses habitudes, ses mœurs. Ainsi, le groupe découvre un champ de céréales en plein bois, un espace de culture planté spécialement pour les animaux afin qu’ils n’aillent pas saccager les véritables espaces agricoles des paysans et qu’ils restent dans leur domaine « sauvage ». D'ailleurs une partie de ce champ est carrément dévasté. C’est clair, ce réservoir à nourriture a son utilité.
Plus loin sur un sentier qui descend vers la route départementale, de petits miradors hauts de quelques mètres, calés à un arbre. On devine les techniques de chasse avec les rabatteurs et ceux qui attendent avec les fusils. Mais là, c’est l’imaginaire qui parle, car de la forêt, à ce moment de la nuit, se dégage seulement, malgré la pluie, une impression de silence paisible, de puissance intouchable et inaltérable du monde sauvage.
Quelquefois, on voit de grands espaces nivelés au bord du chemin. Ce ne sont pas des parkings. C’est là que sont entreposés les stères de bois fraichement coupé, avant leur transport vers leur lieu de transformation ou les poêles à chauffage. Mais, par le jeu des silhouettes, la nuit cache ou amoindrit les traces de l’homme dans sa gestion des bois, des sentiers, de la faune. C'est comme un jeu de marionnettes, d'ombres chinoises. Un décor de théâtre muet pour une intrigue du hasard. Les grands arbres éclairés se révèlent des géants immobiles et minces à la chevelure garnie de branchages. Les couleurs grisées trompent l’œil du promeneur, comme des mirages laissant imaginer des paysages à l’horizon lointain, alors qu’il n’y a que du feuillage en dégradé de gris. Un monde en noir et blanc, plutôt noir que blanc.
Etrange sensation alors d’être des intrus dans ce monde où les hommes n’ont habituellement leur place que de jour. La présence diurne est pour eux, la nuit c'est pour les animaux. Le promeneur humain des heures nocturnes se soumet à l'évidence qu'il n'est alors que toléré, qu'il n'a rien à exiger de ce monde sans lumières.
Au final, après un peu plus de huit heures de marche, c’est le retour à la voiture vers 7 heures moins le quart du matin. Finalement ce seront plus de 30 kilomètres de marche côté forêt d’abord, puis une incartade côté champs vers Francheville avant de revenir vers le bois.
Sur le sentier qui ramène vers le véhicule, le groupe croise deux voitures. Deux baladins du brame qui viennent au matin écouter les cerfs. Sans doute ne peuvent-ils imaginer que les trois randonneurs trempés jusqu’à l’os qui passent à côté d'eux sont ici depuis 22h30 la veille au soir et qu’ils vont rentrer chez eux se coucher. Les cerfs, ils les ont entendus, écouter, mais surtout ils ont savouré ce moment particulier de la nuit pluvieuse dans les bois qu’ils ont pu arpenter grâce au guidage savant de Jean-Luc et ses cartes de forestier, véritable connaisseur de ces lieux.
Maintenant, pour eux, c'est la nuit qui commence au début du jour. Viendront d'autres randonnées avant la grande journée du 25 mai 2013 (date du trailwalker, 100 km en moins de 30 heures) , d'autres actions pour récolter l'argent nécessaire, d'autres actes solidaires avec les équipes dijonnaises engagées dans ce trail.
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