La Désobéissance Civile / Henry David Thoreau
LA DESOBEISSANCE CIVILE
de Henry David Thoreau
(Texte de 1849)
Editions Mille et une nuits (1996)
Environ 50 pages
Voilà un texte de 1849 qui a conservé toute sa modernité tant la réflexion que Henry David Thoreau développe sur la gouvernance et la politique étrangère américaine à l’époque des grandes questions sur l’esclavagisme résonne presque à l’identique avec le XXIème siècle et ses injustices.
L’auteur pose en vocables très clairs les termes d’une gouvernance basée sur la justice et la
conscience, en la différenciant des termes de loi et d’utilité. Il confronte le comportement humain face à sa lâcheté au nom de la démocratie et de la délégation qu’il a faite à d’autres de gérer les affaires publiques.
Il privilégie l’idée de la pensée individuelle comme contre poids des dérives collectives, l’idée qu’un gouvernement quel qu’il soit devrait toujours s’appuyer aussi sur le contre-pouvoir des individus et des minorités pour définir une politique nationale.
Henry David Thoreau pointe le risque de voir les majorités, en fin de compte, ne travailler que pour leurs propres intérêts sans la conscience de la justice et du droit. Il s'interroge sur l'idée de ce qui est légal et de ce qui est juste, sur qui est du domaine de l'utilité et sur ce qui est du domaine du droit.
L’idée de désobéissance civile repose sur la richesse méconnue de ceux qu’on n’interroge pas et qui acceptent au nom de la loi que leur voix ne puisse pas peser sur l’intérêt collectif.
Henry David Thoreau, lui-même, a refusé de payer ses impôts pour un état qui reconnaissait l'esclavagisme. Il le paya d'ailleurs par la prison.
On comprend pourquoi ce texte a quelque chose de fondateur et a servi de base de réflexion aux mouvements non-violents (de Gandhi à Martin Luther King), aux écrivains comme André Gide, ou ceux de la Beat Generation (Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burrroughs), et bien d’autres.
Ce texte pamphletaire s'inscrit dans la tradition des écrits politiques depuis l'Antiquité, de Platon à Thomas Jefferson, en passant par la Boétie et son "Discours de la servitude volontaire".
A une époque où l’individu se demande qui il est, quelle est sa responsabilité dans ce que devient ce monde en crise profonde, le texte de Henry David Thoreau retrouve l’importance qu’il avait déjà lors de sa parution. Le monde a changé en apparence, mais dans son fonctionnement, les mêmes problèmes se posent, les mêmes questions sur les modes de gouvernance et de considération de l’individu.
Se replonger dans « La Désobéissance Civile » de Henry David Thoreau est aussi un moyen de s’interroger sur notre responsabilité et notre envie de voir le monde changer.
Henry David Thoreau
Extraits
Page 9
Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins.
Page 11
Je réclame, non une absence immédiate de gouvernement, mais immédiatement un meilleur gouvernement.
Page 18
Des milliers de gens sont opposés en opinion à l'esclavage et à la guerre, mais ils ne font rien, en effet, pour y mettre un terme.
Page 22
Seule la vertu la plus désintéressée peut soutenir l'erreur la plus ample et la plus répandue.
Page 23
Agir à partir du principe, comprendre et accomplir la justice, cela change les choses et les relations (...) Des lois injustes existent : nous satisferons-nous de leur obéir ou tâcherons-nous de les amender ?
Page 25
Tout homme plus juste que ses prochains forme déjà cette majorité d'une personne.
Page 27
Sous un gouvernement qui emprisonne un seul être injustement, la juste place du juste est en prison...
Page 28
Une minorité est impuissante tant qu'elle se conforme à la majorité (...) mais elle devient irrésistible quand elle la bloque de tout son poids.
Page 29
S'il existait un être qui vécût entièrement sans employer d'argent, l'Etat lui-même hésiterait à en exiger de lui.
Page 29
Le riche (...) est toujours vendu à l'institution qui fait sa richesse.
Page 34
L'Etat (...) Il n'est pas armé d'un esprit ou d'une honnêteté supérieure, mais d'une force physique supérieure.
Page 45
La vérité du juriste n'est pas la Vérité avec un grand V, mais la cohérence, ou une utilité cohérente.
Page 47
L'autorité du gouvernement (...) pour être strictement juste, elle doit posséder l'agrémentet le consentement des gouvernés. Elle ne peut avoir de droit absolu sur ma personne et ma propriété sinon celui que je lui concède.
Interview de Sandra Laugier sur TV5 Monde le 26 avril 2011
sur la désobéissance civile, avec référence à Henry David Thoreau
Lien avec les articles :
I went to the woods / Henry David Thoreau
Désobéissance civile et Résistance / Citations
Libre pour soi, libre pour les autres... / Pascal Marchand
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