Livre / "Un fils à papa chez les zonards - Les enquêtes de Léo Tanguy" de Denis Flageul
UN FILS à PAPA
CHEZ LES ZONARDS
Les enquêtes de Léo Tanguy
de Denis Flageul
Editions Coop Breizh
2008 – 190 pages
Il s’agit du troisième opus de la série des enquêtes de Léo Tanguy, enquêtes d’un cyber journaliste breton et fier de l’être, en même temps citoyen du monde qui, depuis la mort de sa compagne Soazig, trouve l’énergie de la vie dans la dénonciation des scandales politico-financiers. Ceux-ci étant souvent liés à des règlements de comptes, des meurtres, les enquêtes se transforment régulièrement en polars enracinés dans la vie de la Bretagne.
Dans ce troisième opus, nous voici à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor. Léo Tanguy se lance sur la piste de deux morts mystérieuses, quatre ans auparavant, suite à la destruction de La Fabrique, un squat de punks transformé en lieu culturel et créatif, aussi une salle de concert alternative.
L’enquête officielle a été bouclée, mais le frère d’une des victimes soupçonne une autre vérité et demande à Léo d’y fourrer son nez. Il s’avère effectivement que, derrière une noyade peut-être accidentelle d’un fils à papa toxicomane, se cache une manipulation liée à la prise de contrôle du port par un groupe de financiers pas très clairs.
Cette plongée dans le monde trouble de Saint-Brieuc donne l’occasion d’une errance au cœur de la ville, errance renforcée par les souvenirs douloureux de Léo Tanguy au cœur d’un mois d’août très chaud, mois anniversaire de la mort de sa compagne.
Si le roman tarde à se décanter, on sent pourtant les menaces sourdes peser sur les protagonistes de l’histoire jusqu’aux trente dernières pages où le récit s’accélère pour un dénouement dans lequel les pièces du puzzle s’assemblent enfin.
L’écriture de Denis Flageul donne à voir au lecteur, avec beaucoup de détails sur la cité briochine comme si on y était, comme dans un film qui défilerait dans la tête.
On pourrait espérer plus de rythme parfois, mais la démarche littéraire est cohérente dans un moment de la vie de Léo Tanguy où l’absence de sa femme est encore une douleur profonde.
Un bon moment de lecture.
Extraits
Page 5
La nuque écrasée par le soleil, Léo plisse les yeux. D’un revers de main, il essuie les gouttes de sueur piquante qui lui brouille la vue. Là-bas, plus au large, c’est le cap d’Erquy, presque invisible derrière un rideau de chaleur. Immuable, il jette un dernier coup d’œil à l’entrée du port de Légué sur sa droite, avant de s’avancer vers le 13 rue du Phare. C’est une bâtisse blanche appuyée au roc, face à la mer, imposante avec ses trois niveaux et ses escaliers extérieurs crénelés.
Page 39
Apéro, ça vient de aperire, ouvrir ; ça ouvre les conversations, les cols, les vestes, l’appétit… Combien de temps encore, avant qu’on ne referme tout ça, comme un paquet de cigarettes ! se dit Léo.
Page 53
A 21 heures, Léo sort du Piano Bleu. La lumière du jour s’est faite plus douce, plus légère. On sent que la journée penche vers sa fin. La chaleur s’est atténuée. Les odeurs ont changé. Les gens marchent avec précaution, sourient, se touchent, comme s’ils avaient le sentiment de vivre un moment unique. C’est simplement le terme d’un jour d’été, au cœur du mois d’août.
Page 117
Il laisse venir, sachant que les gens finissent en général par raconter ce qu’ils ont sur le cœur. Ils passent l’essentiel de leur existence à souffrir, alors, quand ils pensent pouvoir régler son compte à la poisse, ils s’ouvrent. Même si c’est pour faire croire qu’ils sont blindés, que rien ne les touche.
Page 150
(…) le progrès technique comme solution rampante et sournoise à la démission face aux problèmes sociaux, malgré les protestations, les procès. On trace, on piste, on surveille. On est tranquille. Entre le répulsif pour SDF et le boîtier anti-jeunes, on avance, on avance…
Animal, on est mal !
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