La dictature de TINA / Pascal Marchand
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La dictature de TINA
On connaissait la TINA de Margaret Thatcher dans les années 80 et ses conséquences sociales désastreuses sur la population britannique. Trente ans plus tard, coucou la revoilà. Partout en Europe et notamment en France.
TINA ?
Vous connaissez TINA ?
Non, ce n’est pas une femme. C’est la désormais célèbre formule anglophone dont les initiales signifient : « There Is No Alternative ». « Il n’y a pas d’autre alternative. »
Depuis le retour de la crise économique, la formule revient en force dans la bouche des dirigeants qui n’ont plus que les mots "rigueur" ou "austérité" à la bouche, même si parfois ils ne sont prononcés qu'à demi-mot pour ne pas froisser la population qui est aussi un ensemble d'électeurs potentiels, encore plus en année électorale.
La Grèce doit faire encore plus d’efforts. Le peuple grec comme l’ensemble des peuples du monde, doit faire encore plus d’efforts.
Dans des pays où les salaires sont au minimum gelés quand ils n’ont pas été carrément abaissés (moins 20 % en Grèce par exemple), dans ces pays où le chômage augmente ou explose, où de plus en plus de personnes ont de plus en plus de difficultés pour se loger, se nourrir, s’abstiennent de se soigner faute d’argent, abandonnent l’idée de se payer une mutuelle de santé, la seule solution serait de poursuivre dans cette direction rythmée par la récession et l’austérité ?
dessin : Louison / site de Marianne2.fr
Et pourquoi pas demander à tous ces peuples de carrément mettre fin à leurs jours, de se faire hara-kiri ? C’est sûr avec quelques millions de bouches à nourrir en moins, on résoudrait la crise de façon efficace. Un peu à l’image de la faune sauvage où les loups dévorent les rennes malades, où les prédateurs bouffent le trop plein d’herbivores. On pourrait aussi organiser des purges et des exterminations tant qu’on y est. Ou encore une bonne vieille épidémie du siècle qui éliminerait les
plus faibles.
Pendant ce temps, les grandes entreprises et leurs actionnaires continuent de faire des bénéfices et engrangent encore et toujours des fonds colossaux. Et on nous ramène TINA à la figure comme une évidence à avaler comme on avalerait des couleuvres !
Les journées médiatisées du G20 à Cannes avec des présidents et des ministres hyperactifs et contents d’eux devraient nous faire oublier que le porte-monnaie se vide, que le moral est en berne et que nous avons tort d’avoir des doutes sur ce qui nous arrive. Le président français affiche glorieusement son amitié au président américain, se complimentant l'un l'autre. C'est sûr, cela va ramener du beurre dans nos épinards ; cela va ramener le moral aux gens qui souffrent. Mais c’est vrai, où avais-je la tête ? La personne qui rame dans sa vie de tous les jours est en pleine illusion. Les dégâts sur sa vie ne sont que purement virtuels. Bon d'accord, il faut bien qu'elle fasse un peu d'effort, que diable ! Comme le font les banquiers et les actionnaires qui réduisent, un tout petit peu, leurs dividendes. Les pauvres !
La personne qui rame tous les jours ne devrait pas s’inquiéter. TINA est là comme Big Brother, le "Grand Frère", comme le slogan de la dictature dans le livre d’anticipation de Georges Orwell « 1984 ».
LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE
L’IGNORANCE C’EST LA FORCE.
Un bon vieux livre des années cinquante qui racontait déjà à sa façon ce que nous vivons aujourd’hui. Au lieu d’une dictature politique, on se retrouve dans une dictature économique plus sournoise qui a les mêmes effets sur le quotidien et sur la façon de manipuler les masses.
Les états se soumettent en toute conscience à la loi des banques, du FMI et des agences de notation pour lesquelles les seules bonnes politiques sont celles qui fragilisent le minimum vital des peuples.
Comment ne pas être outré de ce qui se dit ici et là quand on vit chaque jour pour soi et autour de soi les conséquences gravissimes de cette société qui produit, pour beaucoup, de la misère quand ce n’est pas de la mort, et pour un tout petit nombre, un insupportable luxe affiché, masqué dans des discours mielleux de suffisance ou de charité mensongère.
Les simples Tina humaines doivent détester cette TINA que certains promènent comme une fausse Marianne à l’apparence libre mais qui n’est qu’un oripeau des pires exploitations de l’homme.
Dallas, son univers impitoyable,
Europe, son univers impitoyable,
JR y porte ici d'autres noms.
TINA, « There Is No Alternative », en anglais s’il vous plait, à l’image du langage de Wall Street, du roi Dollar et des maîtres de la monnaie, des multinationales. Et l’on entend quelques paroles vaines et manipulatrices sur les paradis fiscaux, sur la nécessité de tous mettre la main à la pâte sans qu’une seule décision réelle ne soit prise sur ces sujets.
Pour finir, ce seront encore les mêmes qui paieront le prix de l’opulence d’une minorité. D'une autre façon, cela s'appelle la Pensée Unique dans le paradoxe qu'elle est utilisée par ceux qui la dénoncent en apparence pour mieux asseoir leur pouvoir.
Ce n'est pas un discours de politique politicienne. C’est seulement un cri de révolte parmi d'autres cris face aux mensonges érigés en vérités universelles, face à ce sentiment d’humiliation et de manipulation des plus humbles qu’on prend comme toujours pour des imbéciles.
Je donne donc mon bonjour à toutes les « Tina » humaines de par le monde et je laisse mon mépris à cette TINA qui se voudrait incarner la seule réalité possible du futur. Je lui fais face comme des millions d'êtres ici et là, debout et volontaire, indigné et vivant.
Non, jamais le monde ne s’est trouvé face à une seule alternative. La richesse des humains se trouve dans le mouvement prolixe de leurs différences, dans le partage et non dans l’exclusion, dans le respect et l’égalité des droits et devoirs et non dans la domination d’une certaine minorité sur le plus grand nombre.
Le monde se vit et s’écrit en des milliers de langues, en des milliers de cultures qui, toutes, ramènent à une idée qui fait de chacun de nous un humain à part entière, sans sous-hommes et sans prétention.
Pascal Marchand
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Médiapart / APPEL EUROPÉEN CONTRE LA DICTATURE FINANCIÈRE
Europe: l’effacement de la démocratie
Les établissements financiers ont remplacé les électeurs ;
les bourses ont remplacé les partis ;
les banquiers et les technocrates ont remplacé
les chefs d'Etat et de gouvernement.
Depuis une semaine, nos démocraties s'effacent
devant les coups d'Etat des marchés.
Alors que sauver l'Europe voudrait dire revenir
devant les citoyens.
Photo : la BCE à Francfort
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