Cinéma / "Tous au Larzac" de Christian Rouaud
TOUS AU LARZAC
un film de Christian Rouaud
2011 / 1h58min
avec Léon Maille, Marizette Tarlier, Christiane et Pierre Burguière, José Bové
FAITES LABOUR, PAS LA GUERRE
Question : Quel est le point commun entre la lutte contre l’extension d’un camp militaire, une bergerie construite par des dizaines de bénévoles et considérée comme « manif en dur », Lanza del Vasto et la Communauté de l’Arche, des journées appelées le « Woodstock » français, les objecteurs de conscience, l’élection présidentielle de 1981, la désobéissance civile, la lutte non-violente, José Bové et la Confédération Paysanne, l’altermondialisme, les OGM, les gaz de schistes ("Oui aux pâturages, non aux forages") ?
C’est le LARZAC, ce bout de terre perdue au fin fond du Massif Central, des causses balayés par le vent et une poignée de paysans pour la plupart de culture catholique, votant souvent à droite et qui ont honni mai 1968, mais qui vont devenir par une lutte de près de dix ans le symbole d’une résistance sans armes à l’armée et au pouvoir central.
Le film de Christian Rouaud « Tous au Larzac » retrace à merveille le cheminement de ses agriculteurs-éleveurs loin des mouvements du monde et leur découverte de la conscience politique et sociale, au-delà de ce qu’ils auraient pu imaginer.
Des premières questions et leur révolte stérile à l’annonce de l’extension du camp militaire en octobre 1971 par Michel Debré, ministre de la défense, jusqu’à l’abandon du projet après la victoire de François Mitterrand en 1981, on comprend comment leur ouverture à ceux qui ont voulu les aider a conduit à un mouvement unique et exemplaire d’une décennie, où la victoire paraît presque banale à côté de ce qu’ils ont vécu. On comprend comment cette lutte a changé la vie de nombreux jeunes français de cette époque qui ont surfé sur l’après mai 68 pour composer un monde d’unité des hommes contre déjà la dictature de l’argent et du pouvoir de la force, sous couvert de la notion « d’utilité publique ». Chacun a appris des autres et s’est construit en humain altermondialiste de la fin du XXème siècle, posant déjà les questions fondamentales du XXIème. Quand on entend Lanza del Vasto déclarer déjà dans les années 70 au sujet des dégâts du développement industriel et militaire : « On sait que, lorsqu’on lance une pierre, elle retombera ; (…) on peut aussi ne pas lancer la pierre. », cela pose les mêmes questions qu’après Fukushima, qu’après les scandales sanitaires, vache folle et autre grippe aviaire.
Ceux que la France considérait comme des "bouseux" (comme eux-mêmes, d'une autre façon, osent le considérer avec le recul) n’étaient pas destinés a priori à résister aux militaires et aux politiques qui pensaient n’en faire qu’une bouchée. Mieux, ils seront solidaires les uns des autres mais aussi de ceux qui seront venus les soutenir jusqu’au dernier vote à bulletins secrets en 1981 où, à 99 %, ils choisiront de rester unis. Leur pacte de solidarité aura tenu bon et reste une valeur formidable par les temps qui courent où beaucoup se referment dans leurs prés carrés, aussi petits soient-ils, aussi précaires demeurent-ils.
Cette solidarité les unira également aux salariés des usines LIP en liquidation, symbolisant la réunion des paysans et des ouvriers, mieux qu’en mai 68, en clair l’union des catégories sociales les plus fragilisées. Ils auront prouvé une nouvelle fois, si tant est qu'il faille le prouver encore, que tout est ouvert quand on dépasse les limites de la peur. Car c'est aussi de cela qu'il s'agit, des menaces et des pressions, de la justice, voire de l'injustice et de la prison, de la peur et du courage, de la force individuelle et collective qui naît quand on reste unis. L'histoire des hommes montre une autre fois, par ce mouvement du Larzac, l'incroyable puissance et la formidable capacité de résistance des humains qui défendent leurs droits. A la légalité déviante et oppressante, ils opposent la légitimité des peuples. On retrouve ici les accents de Henry David Thoreau et des chantres de la désobéissance civile et de la lutte pacifique. D'ailleurs, le film, dans un des commentaires, fait référence explicitement à Gandhi.
Drôle, riche et bouleversant, le film documentaire de Christian Rouaud ressemble à un western folk post-soixante-huitard qui déroule une formidable lutte pacifiste et pleine d’imagination, de créativité, d’humeur et d’humour, de moments difficiles (notamment lors des violences militaires et policières), et de journées fabuleusement émouvantes, comme lors des manifestations nationales de soutien au Larzac, aussi dans de nombreuses villes de France où la cause de ces 103 paysans cévenols rejoindra l’envie collective de changer le monde. Cette lutte reste un exemple et un espoir pour toutes les luttes actuelles que certains voudraient considérer comme perdues d’avance. Quarante après, on peut encore penser qu’un autre monde est possible. Comme le dit le film à l'instant de sa dernière image, sur un plan de nature sauvage : « Le Larzac vit… ».
Et nous, humains, aussi…
Journal LIBERATION du samedi 15 mars 1975
et comme toujours un titre à la Libé
"Le Larzac, causse du peuple"
Lien vers les articles :
La peur pour faire obéir les hommes / Pascal Marchand
La Désobéissance Civile / Henry David Thoreau
Désobéissance civile / Sandra Laugier
Désobéissance civile et Résistance / Citations
Stéphane Hessel "Indignez-vous !"
Libre pour soi, libre pour les autres... / Pascal Marchand
Un acte gratuit / Pascal Marchand
Appel à la Résistance Mars 2004 / Lucie et Raymond Aubrac
Prisons invisibles / Pascal Marchand
La dictature de TINA / Pascal Marchand
"Un TINA peut en cacher un autre" par Dominique C. / Médiapart
"Tous au Larzac" au Festival de Cannes en mai 2011 sur RFI
TOUS AU LARZAC : EXTRAIT 1 HD par baryla
TOUS AU LARZAC : EXTRAIT 2 HD par baryla
TOUS AU LARZAC : EXTRAIT 3 HD par baryla
TOUS AU LARZAC par cinegalerie-imagine94
30 novembre 2011
Christian Rouaud : «Faire la nique à l'armée était très jouissif»
Dans les années 70, les paysans du plateau du Larzac sont restés unis contre l'extension d'un terrain militaire. Le documentariste Christian Rouaud retrace dans «Tous au Larzac» ces dix années de lutte. Il a répondu à vos questions.
Maran. La mobilisation pour la cause des paysans du Larzac est ancrée dans les mouvements de contestation des années 70. Une telle mobilisation pourrait-elle être transposée aujourd'hui, contre l'implantation de futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, par exemple ? Qu'en pensez-vous?
Christian Rouaud. Je suis allé à Notre-Dame-des-Landes avec José Bové, lors du dernier grand rassemblement. Il y a beaucoup de points communs entre les deux luttes, en particulier le fait que des squatteurs se soient installés sur les terres qui ont été préemptées pour l'aéroport. La difficulté, c'est que l'«ennemi», c'est le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, qui est un important responsable socialiste (porte-parole des députés socialistes à l'Assemblée nationale). Il va falloir faire comprendre aux responsables socialistes que cet aéroport est une aberration.
Rose. Quel a été pour vous le point de départ de «Tous au Larzac»? Y songiez-vous depuis longtemps?
C. R. C'est la suite de la mon film qui s'appelait «Les Lip, l'imagination au pouvoir». A l'époque, j'avais tourné une séquence sur le rapport entre la lutte des Lip et le Larzac, et cette séquence a sauté au montage. J'ai reçu un jour le journal Gardamen lo Larzac, dans lequel il y avait une critique du film qui disait «c'est dommage que l'on ne parle pas du Larzac, ce serait bien qu'un film de cette qualité soit fait sur le Larzac». Je me suis senti appelé à faire ce film.
Octave. Les paysans du Larzac étaient-ils engagés politiquement avant l'annonce de l'extension du terrain militaire ?
C. R. Non, pas du tout. Ils étaient plutôt méfiants les uns par rapport aux autres. Les fermes étaient très éloignées, et les anciens se méfiaient beaucoup de ceux qu'ils appelaient les «immigrés» ou les «pionniers» qui s'étaient installés dans les années 50-60, et qui développaient des moyens très modernes d'élevage. A part quelques exceptions, ils étaient tous plutôt à droite, et pratiquants catholiques. Ils avaient vu Mai 68 avec beaucoup de méfiance, rien ne les préparait à cette lutte.
Sparadrap. Les Lip, et maintenant le Larzac, quarante ans se sont écoulés, c'est pas un peu loin tout ça, entretenez-vous une certaine nostalgie de ces années-là?
C. R. Surtout pas. Je n'ai pas fait le film pour faire plaisir aux anciens combattants ! Au contraire, je pense que cette histoire nous parle de nous, aujourd'hui. J'ai voulu faire le film pour que les jeunes trouvent éventuellement dans ce récit des raisons de bouger, et des pistes de réflexion pour l'action aujourd'hui.
Octave. Il y a eu Gandhi, Mandela, Luther King, plus récemment les inusables du Larzac et maintenant les Indignés. Comment percevez-vous leur mouvement ? Les inusables du Larzac et les Indignés, même combat ?
C. R. En tout cas, combat comparable. En même temps, je crois que chaque génération doit inventer ses moyens de lutter. On ne sait pas où vont les Indignés, mais ça existe, ça mobilise des gens, ça bouge, et c'est très encourageant. La non-violence a quelque chance de réussir dans les régimes démocratiques, mais on a bien vu qu'au Chili, en Argentine, ou en Grèce à l'époque des colonels, que ce sont d'autres moyens qu'il faut utiliser pour résister. Mais, c'est vrai que la non-violence des gens du Larzac contre l'armée a quelque chose d'exemplaire.
Cécile. Vous entrecoupez des images d'archives avec des témoignages d'«anciens» du Larzac. Comment les avez-vous retrouvés ? Vivent-ils toujours sur le Causse ? Comment leur avez-vous présenté votre projet ?
C. R. Ils avaient eux-mêmes fait un film d'archives qu'ils commentaient en regardant l'image. J'avais donc les noms des gens qui avaient participé à ce film, et eux-mêmes m'ont donné d'autres noms... J'ai limité le nombre des protagonistes, parce que je voulais faire des portraits de chacun d'eux, et qu'ils aient l'espace suffisant pour s'exprimer. Sur les neuf personnages, huit vivent encore sur le plateau.
Octave. Mais les agriculteurs sont habituellement de droite. Comment cette annonce de l'extension du terrain militaire a pu les faire basculer vers des idées «de gauche»?
C. R. Ils ont eu la bonne idée de penser qu'ils n'y arriveraient pas tous seuls, et ils ont cherché de l'aide. C'est ainsi qu'est arrivée sur le plateau du Larzac toute la génération de ceux qui s'étaient engagés dans un tas de luttes de l'époque, contre le nucléaire, pour l'écologie, pour l'avortement, l'objection de conscience... et qui n'avaient pas supporté que Mai 68 s'arrête comme ça. C'est dans le frottement de tous ces gens – qui étaient eux-mêmes très divers puisqu'il y avait à la fois des non-violents et des gens qui étaient pour la lutte armée – que s'est faite, peu à peu, leur prise de conscience. Ils ont d'abord découvert à quoi servait l'armée dans un système démocratique, puis ils se sont ouverts à la problématique du tiers-monde, à la solidarité avec le monde ouvrier, à l'écologie... En se frottant effectivement à tous les gauchismes de l'époque.
Dimitri. Comment votre film est-il perçu par ceux qui ont milité sur le Causse du Larzac ? Quel retour avez-vous ?
C. R. Il y a eu trois projections. L'une pour les protagonistes du film, que j'ai faite avant le mixage, à un moment où on peut encore changer des choses. Ils m'ont donné leur feu vert. Après, ils ont découvert le film fini à Cannes. Ensuite, il y a eu une projection très angoissante pour moi sur le Plateau, où il y avait plus de 300 spectateurs qui étaient tous des gens qui avaient vécu la lutte, mais qui n'étaient pas dans le film. Ça s'est bien passé, beaucoup d'émotion, beaucoup de larmes. La troisième projection a eu lieu dans la vallée, à Millau. Deux salles étaient prévues, on a été obligé d'en ouvrir une troisième. Là aussi, ça s'est très bien passé, les gens se sont appropriés le film.
MQ. Gilles Deleuze disait : «Le système nous veut triste et il nous faut arriver à être joyeux pour lui résister.» Cette phrase prend tout son sens aujourd'hui vu l'époque que nous traversons et fait directement écho à votre film... Qu'en pensez-vous?
C. R. Je suis tout à fait en accord avec cette formule. Je fais des films gais parce que la lutte n'est pas triste. Et les paysans eux-mêmes n'auraient jamais tenu dix ans s'ils n'avaient eu des grands moments de bonheur pendant cette lutte. C'étaient des bons vivants. Après chaque action, ils faisaient un pique-nique, ils mangeaient, ils buvaient, ils chantaient. Il y avait aussi dans cet affrontement avec l'armée, un côté «Gendarmes et voleurs». Faire la nique à l'armée de façon non violente était très jouissif.
Octave. Pensez vous que François Mitterrand, de par son opposition au camp militaire, a instrumentalisé la lutte ? Et pensez-vous que le gauchisme de l'époque a instrumentalisé la cause du Larzac ? Pour en faire une tribune de leurs idées auprès des médias ?
C. R. Ce qui m'intéresse dans cette histoire, c'est précisément la dialectique entre la lutte et le bulletin de vote. Mitterrand n'aurait jamais signé, s'il n'y avait pas eu les dix ans de lutte. Même s'il est exact que sans doute cet engagement aux côtés des paysans du Larzac lui a été utile dans sa campagne. En 74, lorsqu'il est venu sur le Causse, il a pris conscience de l'importance du mouvement, et de toute la jeunesse qu'il mettait en action. Quant aux gauchistes, même s'ils avaient des velléités de récupération, ils ont assez vite admis l'idée que les paysans devaient toujours décider en dernier ressort. Toutes les bonnes idées qui sont venues de l'extérieur ont été admises par les paysans à condition qu'elles leur conviennent. Ils ne se sont laissés manipuler par personne.
Pat. Pourquoi ne réaliseriez-vous pas un documentaire sur un sujet de lutte actuel? Y songez-vous?
C. R. Mon prochain film, c'est le portrait d'un musicien, humaniste, breton. Je ne suis pas le seul à pouvoir faire des films sur ces questions-là. Je ne prétends pas avoir fait «le» film sur le Larzac, c'est l'un des films possibles sur le Larzac. Et je pense qu'effectivement, il faut faire des films sur les luttes actuelles.
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Texte de Bertrand Tavernier sur le film "Tous au Larzac"
Il y a d’abord tous ces visages qui crèvent l’écran. Ces visages dont la caméra, on le sent si bien, tombe immédiatement amoureuse, qu’elle n’a pas envie de lâcher tant ils impressionnent la pellicule, les visages de Léon Maillé, Marizette Tarlier, Michel Courtin, Christian Roqueirol, José Bové et pardon pour ceux que je ne cite pas.
Ces visages et ces voix. Chaudes, prenantes, qui savent raconter, qui semblent avoir assimilé, le poids, l’importance, la beauté des mots et qui vivent avec comme on vit à coté d’un arbre, d’une prairie, sous un ciel d’orage. Leur langue est drue, cocasse, chaleureuse, émouvante et fait paraître d’autant plus sec, plus racorni, plus pauvre le vocabulaire des politiques (qu’on entend d’ailleurs trop peu). "Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l'accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l'apparence de la solidarité à un simple courant d'air" écrivait Georges Orwell. On peut penser que quelqu’un de décent comme Giscard D’Estaing s’est fait battre en 1981 à cause de son incapacité à écouter, à comprendre cette langue et la réalité qu’elle traduisait.
C’est qu’on entend ici le langage des gens qui sont sur le terrain, de ceux qui mettent les mains dans le cambouis. La langue des poilus de la guerre de 14/18, si déchirante, si concrète, ceux des appelés de la guerre d’Algérie, ces paysans, ces ouvriers, que j’ai filmé avec Patrick Rotman dans la GUERRE SANS NOM. Une langue qui se méfie des slogans, qui n’a pas envie d’être embrigadée.
A de nombreuses reprises, je me suis dit que Christian Rouaud avait dû avoir drôlement du mal à dire « Coupez », à arrêter sa caméra. On le sent si à l’écoute de tous ses personnages, si à l’aise avec eux et si respectueux de leurs émotions, de leurs peines, de leurs joies. J’étais embarqué, je pouvais rester trois, quatre heures de plus pour partager plus longuement leurs espoirs et leurs désillusions, leur ténacité et leur extrême malignité : cette manière de faire tourner en bourrique l’adversaire, de le surprendre, d’avoir un coup d’avance sur lui réjouira tous les amateurs de l’Oiseau Mimi, le Roadrunner dans ses combats incessants contre le Vil Coyote. Ah le récit sur les déboires des gardes mobiles avec les brebis sur le Champ de Mars…
Et c’est vrai aussi que cette chronique de solidarité épique peut enchanter les amoureux du western. Tous les ingrédients sont au rendez vous : ces extraordinaires paysages, ces escarpements, ces ciels qui dévorent l’horizon ( lequel n’est jamais au centre de l’image comme le réclamait John Ford à ses chefs operateurs), ces arbres magnifiques, ces maisons isolées dans lesquelles on se barricade et qu’on défend coute que coute. Ces éleveurs qu’on veut chasser de leurs terres comme ces fermiers expropriés par des compagnies de chemin de fer. Dont on clôture les terres comme dans l’HOMME QUI N’A PAS D’ÉTOILE. Ou qui luttent contre le « progrès », les autoroutes et les camions comme dans SEULS SONT LES INDOMPTÉS (comme par hasard écrit par un scénariste progressiste et de gauche : Dalton Trumbo)
Ils ne courent pas les rues les films qui réchauffent autant le cœur des pauvres hommes, qui regardent le passé, constatent qu’il n’est pas mort, loin de là. Qu’il n’est même pas encore passé.. « Qui comprend le nouveau en réchauffant l’ancien peut devenir un maître », disait Confucius.
Bertrand Tavernier
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